EPISODE 11
RENCONTRE :
Avec Jessica Blum
et Thomas Echantillac
Cueillette sauvage et préservation de la ressource en plantes médicinales.
Présentation
Dans cet épisode, Jessica Blum (@jardin.alchimique) (herboriste, ethnobotaniste et cueilleuse) et Thomas Echantillac (cueilleur professionnel), tous deux membres de l'Association Française des Cueilleurs Professionnels (AFC), partagent leurs perspectives, observations de terrain et connaissances sur les bonnes pratiques de cueillette de plantes sauvages, ainsi que sur l’impact que peuvent avoir les gestes maladroits et la cueillette massive sur les ressources en plantes et sur la biodiversité. Ils nous invitent à réfléchir sur cette question sensible, d'autant plus pertinente face à l'engouement croissant pour les plantes médicinales.
Ils apportent leur expertise et des conseils pratiques pour sensibiliser à des pratiques de récolte plus respectueuses et durables, afin de protéger les ressources en plantes sauvages.
Ils nous présentent également l’AFC et tous les précieux outils que cette association offre aux professionnels et aux amateurs de cueillette de plantes.
Sources et liens
Site internet de l’association Française des Professionnels de la Cueillette de Plantes Sauvages https://www.cueillettes-pro.org
Guide de bonnes pratiques de cueillette https://www.cueillettes-pro.org/cueillir/le-guide-des-bonnes-pratiques
Livret technique de cueillette https://www.cueillettes-pro.org/cueillir/le-guide-des-bonnes-pratiques
Médiathèque https://www.cueillettes-pro.org/sinformer/mediatheque
Rejoindre l’AFC https://www.cueillettes-pro.org/log-in?usredir=%2Fplateforme-afc%2Faccueil-plateforme
Site internet, blog, produits & formations de Jessica eïa botanica https://www.jardinalchimique.com/
Autres ressources :
Article : Thevenin, T. (2023). Cueilleurs sauvages : Les bonnes pratiques. Biocontact, (346), 24-27. https://cdn.prod.website-files.com/65830ce1f31ff0c531b5aad1/65831a5da30587506c85c082_Cueillette%20sauvage.%20Les%20bonnes%20pratiques.%20Article%20Biocontact%20n°346%20juin%202023%20-%20Thierry%20THEVENIN.pdf
Livre : Mercan, A., Monnier, J.-C., & Tentea, D. (2023). Aimer, cueillir et protéger nos plantes médicinales: Pour une cueillette écoresponsable (Éd. en français). Éditions Tapa Dur
Crédits :
Herbergé par Ausha podcast
Visitez ausha.com/privacy pour plus d’informations
Ecriture, réalisation et narration : Camille Pelloux
Photos : Camille Pelloux
Illustration : Carlos Vazquez Ruckstuhl
Générique : Accralate de Kevin Macleod
Retranscription
Camille Pelloux
Des Racines Naissent Les fleurs, un podcast pour un art de vivre avec la terre enraciné dans les réalités de notre temps.
Ici, on parle de plantes médicinales, de naturopathie ou encore d'agriculture régénérative. Je suis Camille Peloux de l'école en ligne Déa Terra et ce que je souhaite ici, c'est partager des réflexions, des connaissances et des échanges avec des personnalités inspirantes.
Je suis vraiment ravie de vous retrouver pour cette série audio. Vous trouverez toutes les références et les sources citées dans cet épisode dans la page dédiée à ce podcast sur mon site internet. Le lien de cette page se situe dans la description. Par ailleurs, je voulais vous rappeler que cet épisode et tous les épisodes visent à la préservation de savoir, à l'éducation et au partage de connaissances. Je ne suis ni médecin ni pharmacienne, alors ne faites pas d'imprudence, n'arrêtez pas de traitement en cours et demandez toujours l'avis de votre médecin ou de votre spécialiste de santé en cas de doute.
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Des Racines Naissent Les Fleurs.
Alors dans cet épisode, j'ai comme invité Thomas Echantillac et Jessica Blum et on avait envie de vous proposer une réflexion sur la préservation des ressources quand il s'agit de la cueillette sauvage, notamment de plantes. Alors je vous laisse vous présenter, Thomas est-ce que tu veux commencer par te présenter, Jessica ensuite, pour qu'on comprenne aussi qu'est-ce qui vous a mené à parler de cette thématique qui vous tient autant à cœur.
Thomas Echantillac
Oui, bonjour, donc moi je suis cueilleur professionnel depuis une quinzaine d'années maintenant, et donc c'est-à-dire que mon métier consiste à récolter des plantes sauvages qui poussent spontanément dans la nature, pour différents usages, que ce soit des tisanes, des huiles essentielles ou des compléments alimentaires. Et donc, comme je récolte plein de plantes très différentes dans des milieux assez variés, de mars à octobre environ, je suis amené à faire un certain nombre de constats et que je partage avec mes collègues. Et c'est une vraie question, cette question de la préservation de la ressource en plantes sauvages en France comme ailleurs.
Camille Pelloux
Merci. Oui, exactement, de toute façon, on va explorer un peu cette thématique plus en profondeur. Et du coup, Jessica, est-ce que tu veux te présenter aussi ?
Jessica Blum
Oui. Je suis herboriste et donc cueilleuse — ça va souvent ensemble — depuis aussi une quinzaine d'années. Et je m'intéresse beaucoup à l'ethnobotanique, notamment pour les questions autour de la ressource. Et donc moi, ça a été plus une prise de conscience il y a quelques années. Alors, ce n'était pas tant avec les plantes sauvages à la base, c'était plus en lien avec le changement climatique, où j'ai commencé à me questionner pourquoi cueillir des plantes sauvages dans le contexte actuel avec le climat, les fondements de la biodiversité. Et puis petit à petit, je me suis intéressée au sujet, j'ai fait pas mal d'explorations. Et donc je m'intéresse à l'ethnobotanique justement pour explorer cette relation qu'on a aujourd'hui en tant qu'être humain avec les plantes. Et la question de la ressource et des enjeux autour de la ressource est assez inévitable je pense aujourd'hui, pour moi en tout cas. Et puis de fil en aiguille, le sujet s'est imprégné un peu dans mon quotidien. Et voilà, c'est quelque chose d'important.
Camille Pelloux
Merci. Effectivement, on voit qu'il y a de plus en plus d'engouement pour les plantes médicinales et pour les plantes sauvages. D'où la thématique aussi de ce podcast, parce que je pense que c'est important de faire passer certains messages. C'est pour ça qu'on est là. Est-ce que vous avez envie de partager sur ces constats que vous avez pu faire au sujet de cette préservation des ressources et pourquoi on est amenés à avoir cette discussion ? Si vous avez envie de parler un petit peu de ça, de recontextualiser un petit peu les problématiques que vous avez pu observer et si vous avez des exemples à donner.
Jessica Blum
Moi, je peux parler de mon expérience personnelle d'abord. Ça a été plus des prises de conscience. En fait, comme je cueillais à la base plutôt à titre individuel dans ma région, avec des lieux que je fréquentais d'année en année, saison après saison. Au début j'étais souvent seule sur un lieu et puis je ne sais pas, depuis 6-7 ans, on va dire, j'ai commencé à observer que je n'étais plus seule sur certains sites de cueillette, qu'il commençait à y avoir de plus en plus de personnes. Alors il n'y avait pas tellement d'enjeux sur la ressource, en tout cas à ce moment-là. Aujourd'hui, je ne sais pas trop où ça en est parce que je ne vis plus du tout au même endroit. Et puis, dans mes prises de conscience, en fait, c'est plutôt en discutant autour de moi et en voyant d'autres personnes, en discutant avec d'autres personnes qui sont plus dans une cueillette professionnelle, donc plus comme Thomas, où j'ai commencé à comprendre qu'il y avait vraiment des enjeux sur certaines plantes. Après, il y a des plantes où on sait qu'il y a une tension dessus — on pourra en parler peut-être après — mais il y a vraiment de plus en plus de retours, je pense, de cueilleurs qui cueillent vraiment sur des plus grandes surfaces où on voit qu'il y a une pression par rapport à de la cueillette ou par rapport à des choses plus en lien avec le climat ou la biodiversité. Il y a quand même des endroits où on voit qu'il y a aussi une perte de diversité par rapport à l'urbanisation, par rapport à l'agriculture. Et ça aussi, c'est assez, comment dire, ça s'est intensifié ces dernières années en fait. Moi, je vois vraiment aussi des endroits où c'était des lieux sauvages, où il y avait beaucoup de plantes sauvages, et où maintenant, il y a des parkings, il y a des maisons, et tout ce genre de choses. Et donc du coup, là on voit aussi qu'il y a une perte, en fait. Et maintenant, on voit très bien sur les routes, par exemple, que tu as des plantes sauvages dans des routes, mais tu n'as plus rien dans les champs. Là aussi, c'est un constat que moi, je peux voir au quotidien. Après, à plus grande échelle, c'est plus via des retours d'autres personnes que je constate qu'il y a des problématiques. Mais là, je suis moins outillée pour en parler.
Thomas Echantillac
Pour rebondir là-dessus, je pense qu'il faut distinguer différents niveaux. On peut constater sur le terrain des mauvaises pratiques, et celles qu'on va voir le plus facilement, je dirais, c'est des mauvaises pratiques qui sont liées à des cueillettes pour l'industrie parce que c'est des volumes qui sont importants et en fait c'est des volumes qui sont prélevés par des gens qui sont, j'ai envie de dire "pas professionnels" et qui sont parfois des travailleurs détachés qui travaillent dans des conditions abominables, qui connaissent pas les plantes, qui connaissent pas le milieu dans lequel ils interviennent donc forcément ils sont pas en adéquation avec la préservation de la ressource. Et ça, c'est une première chose, mais il faut voir aussi que les mauvaises pratiques peuvent avoir lieu aussi chez les petits cueilleurs qui pensent cueillir des petites quantités et donc ne pas avoir d'impact. Et en fait, dans certains cas, j'ai vu des choses où c'était quand même des mauvaises pratiques. C'est-à-dire cueillir sur une station résiduelle des plantes en disant "mais j'en cueille pas beaucoup" mais sauf qu'en fait la plante / la population de plantes pour se maintenir elle a besoin d'une d'un nombre d'individus suffisant, d'une diversité génétique qui va lui permettre d'être résiliente dans son milieu. Si on la prive de ça en fait elle va péricliter. Moi j'ai appris la cueillette avec la culture du Syndicat SIMPLES et donc avec un cahier des charges très respectueux à la fois de la nature, de la culture, des hommes. Et dans ce cadre-là, j'ai vu des mauvaises pratiques, en fait, où les cueilleurs s'étaient arrangés pour aller cueillir dans un endroit qui était interdit, de l'arnica qui était protégé, et ils le faisaient à répétition. Et donc, en fait, c'était absolument catastrophique pour la ressource. En fait, je l'ai fait une fois, et je me suis dit "mais c'est totalement... insensé". Donc ça voilà c'est des petits exemples qui montrent que en fait on est tous concernés par cette question. Et même les cueillettes familiales : on voit ici beaucoup dans la Drôme les cueillettes au niveau de l'ail des ours, il n'y a pas énormément de stations et elles sont toutes connues de plein de gens et au vu du nombre de publications qui sont diffusées aujourd'hui sur l'ail des ours, en fait il y a beaucoup de gens qui recherchent à en cueillir parce qu'en fait la cueillette c'est quelque chose qui est très important je pense pour la société aujourd'hui pour recréer du lien avec la nature, et pour moi c'est capital donc c'est important de créer, d'entretenir ce lien. Mais par contre, de comprendre dans quelles conditions on le fait pour ne pas faire n'importe quoi.
Camille Pelloux
Exactement, c'est ça dont j'avais envie qu'on parle justement. Il y a deux choses qui sont intéressantes dans ce que tu dis, parce que quand on regarde les chiffres au niveau mondial, du coup, des plantes médicinales et des compléments alimentaires, et on sait que la source principale, c'est du sauvage. Donc en fait, au niveau mondial, c'est je crois entre 60 et 90% de la base / de la source des plantes médicinales qui viennent de sources sauvages. Parce que c'est plus simple, parce que c'est plus rentable, parce que... pour plein de raisons. Donc, il y a déjà ce que tu dis au niveau des grands industriels qui vont aller chercher dans le sauvage. Et puis il y a aussi ce que tu dis sur la cueillette familiale, et là en l'occurrence, je pense qu'il y a deux éléments qui sont intéressants par rapport à ça, C'est de dire : déjà, si vous achetez des plantes médicinales dans le commerce, regardez d'où elles viennent, si elles viennent de pratiques qui sont respectueuses ou pas, si c'est du cultivé, si c'est du sauvage. C'est une première réflexion qu'on peut avoir. Et la deuxième chose, c'est au niveau familial. Là, on va en parler.
Qu'est-ce qu'on peut faire, du coup, nous, au cœur de nos foyers, dans nos balades de cueillettes ? Qu'est-ce qu'on peut prendre comme précautions ? Et quel cadre on peut poser pour faire les choses bien ?
Thomas Echantillac
Oui, il y a plusieurs choses. En fait, je pense que quand on consomme des produits à base de plantes, ça me semble vraiment important de chercher à consommer local. C'est-à-dire, en fait, il faut comprendre que dans le "monde occidental" entre guillemets, on va chercher des plantes, des remèdes auxquels on va attribuer des vertus miraculeuses. En fait, l'exotisme fait vraiment vendre. Et donc, depuis des dizaines d'années, on va chercher des plantes dans des pays en voie de développement, et en fait, c'est des pays où on dépouille les gens d'une part de leur tradition et de leur savoir. Parfois, on les enchaîne à des cueillettes — tu pourras peut-être plus en parler —, en Asie par exemple, où finalement, c'est la seule activité économique locale, et en plus, comme la main-d'oeuvre n'est pas chère du tout, c'est extrêmement rentable pour les entreprises occidentales qui vont les vendre au prix fort dans nos supermarchés.
Camille Pelloux
Exactement, c'est ça.
Thomas Echantillac
Donc ça, c'est une première chose. Après, consommer local, c'est aussi recréer du lien avec les plantes et peut-être un jour, aller cueillir soi-même ces plantes.
Camille Pelloux
Jessica, tu voulais rajouter quelque chose à ça ?
Jessica Blum
Oui, il y a plusieurs choses. En effet, il y a cet aspect de revenir au local. Après, revenir au local, on voit que ça peut poser des problématiques aussi. Parce qu'on peut avoir des cueilleurs qui vont venir, qui vont vouloir cueillir des plantes locales en France, mais du coup, on peut avoir des pressions sur des ressources en France. Et donc, par exemple, je ne sais pas, il y a plusieurs plantes, par exemple, les adaptogènes. On a le fondage des plantes adaptogènes, surtout qui viennent d'Asie. Alors, il y a beaucoup de choses à dire sur ce concept d'adaptogène. Ça a été développé par des russes, mais en même temps c'est beaucoup repris dans la pharmacopée chinoise. Mais en même temps, dans la pharmacopée chinoise, il y a beaucoup de plantes qui sont vraiment sous tension, comme la rhodiole par exemple, qui est très très très à la mode. Il y a beaucoup beaucoup de compléments alimentaires avec la rhodiole, souvent mélangés avec du safran. Et donc il y a une pression sur la rhodiole par exemple, puis il y a une pression qui commence à être sur l'eleuthérocoque, un petit peu aussi ashwagandha il me semble, je crois en Afghanistan. Donc voilà, on se dit qu'on va revenir à des plantes locales, et donc on va faire de la cueillette locale en France, et donc pour l'instant, dans le milieu de l'herboristerie, on pense que des plantes comme la gentiane sont intéressantes. Mais on sait très bien que la gentiane, c'est pareil, il y a une tension dessus. Il y a une autre plante dans les Alpes qui est aussi intéressante, mais elle n'est pas très courante, elle ne pousse pas partout, donc moi personnellement, j'ai du mal à en parler, notamment sur les réseaux sociaux, parce que je n'ai pas envie que tout d'un coup, on se jette sur cette plante. Il y a l'angélique aussi, mais pareil. Donc, voilà, il y a tout ce rapport-là, en fait. Finalement, si on remplace une plante à la mode par une autre plante, si on ne questionne pas notre rapport au vivant et à la santé aussi, est-ce qu'on a vraiment besoin de toujours aller chercher à l'extérieur de soi, donc d'aller chercher une plante pour se sentir bien ? Et quand on parle des plantes adaptogènes... Il y a toute la question de l'alimentation, du sommeil, du rythme de vie, la gestion du stress, etc. à voir en amont. Et donc ça, c'est des choses qu'on n'aborde pas beaucoup et c'est difficile — surtout quand on est herboriste, cueilleur ou même petit producteur — de dire “ne prenez pas des plantes, prenez soin de votre hygiène de vie”, parce que c'est aussi notre métier, donc on doit aussi en vivre. Et puis même sans être professionnel, on aime bien aussi cueillir des plantes, et donc c'est quand même toujours sympa d'être avec des plantes. Mais donc voilà, c'est très complexe en fait, de se dire, oui, il faut aller vers du local. Et cultiver, ça peut être une solution, parce que ça ramène aussi la biodiversité au jardin etc. si on en a besoin. Mais ce n'est pas toujours adapté. On n'a pas toujours le climat, les sols, etc. C'est de voir ce qu'on a autour de chez soi, suffisamment abondant, quel sol on a, ce qu'on peut cultiver. Peut-être revenir à de la simplicité, et ne pas toujours vouloir aller chercher de l'exotisme. Même tout simplement, de voir ce qui est là à portée de main. En tant que passionnée des plantes, c'est toujours difficile à avoir ce discours. Parce qu'on a envie d'aller vers les plantes.
Camille Pelloux
Ce qui peut aider, par rapport à cette réconciliation avec le vivant, je pense que c’est comprendre un peu les plantes. Par exemple, la gentiane, pourquoi il y a une pression aujourd'hui ? Parce que c'est une plante dont on va prélever la racine sur une plante qui est âgée, qui met du temps à croître. Donc je pense que c'est aussi intéressant, peut-être qu'on s'intéresse aux plantes avant d'aller les cueillir. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais ça peut être aussi une piste de réflexion. Quel est son cycle de vie ? Quelle partie de plantes on prélève ? Parce que là, dans le cas des abaptogènes, la plupart du temps, c'est des racines. Donc, qu'est-ce que ça fait ? Qu'est-ce que ça a comme impact ? Donc oui je suis d'accord, c'est intéressant.
Jessica Blum
Et comment bien les utiliser, parce que souvent, quand on commence à s'intéresser aux plantes, en fait, on a envie de renouer avec des gestes qui nous ont toujours accompagnés.
Camille Pelloux
C'est ça.
Jessica Blum
Mais il y a une scission, en fait, dans les traditions d'avant et maintenant. Et donc, je ne dis pas que tout ce qui se faisait avant était forcément correct, mais on a perdu un certain bon sens, on a perdu l'observation de la nature comme les ancien⸱nes pouvaient le faire. Donc, on doit réapprendre tous ces gestes, mais tout va trop vite aujourd'hui. Donc, on ne prend pas le temps de réapprendre, d'observer. Et donc, on va aller avec son petit panier et on va tout cueillir. Et puis, on va rentrer à la maison et on va se dire, qu'est-ce que je fais avec ça ? En fait, je n'en sais rien. Et donc, c'est essayer de réinverser la tendance et de se dire d'abord : de quoi j'ai besoin ? quelle plante va répondre à mon besoin et comment l'utiliser correctement plutôt que de cueillir plein de plantes ? Même encore maintenant, moi je vois que je cueille, je fais sécher, et finalement je n'utilise pas les plantes et l'année d'après je dois les jeter ou les mettre au compost. Donc c'est un peu sortir de cette espèce de pulsion et de voir comment renouer avec les plantes. Enfin moi c'est ce que je me dit au quotidien, c'est comment m'intéresser aux plantes sans être toujours dans cette envie de vouloir les cueillir et de juste... pouvoir être avec elles sans forcément toujours prélever quelque chose. C'est très difficile. Personnellement, je trouve que c'est très difficile.
Thomas Echantillac
C'est pour ça que dans mes transmissions, je commence toujours par de l'observation, et c'est quelque chose que je dis très régulièrement, c'est en fait que l'observation, c'est capital, et effectivement, le monde va trop vite, mais observer une plante, ça se fait au moins sur un an, en fait, pour voir le cycle.
Camille Pelloux
Et du coup, est-ce que vous avez des exemples à donner de plantes qui sont justement en pression de ressources ? Peut-être des plantes justement un peu communes, en tout cas dont on parle beaucoup sur les réseaux sociaux, des choses comme ça. Est-ce que vous avez envie de donner des exemples de plantes qui subissent une pression particulière ou sur lesquelles on doit faire attention ? Justement, on a déjà parlé un petit peu des plantes adaptogènes, on a déjà parsemé des petits exemples, mais est-ce que vous avez des choses à dire par rapport à ça ?
Thomas Echantillac
Je dirais qu'il faut faire attention à toutes les plantes.
Camille Pelloux
Ok, comme ça c’est clair haha
Thomas Echantillac
Il y a un exemple que j’ai en tête. Alors, c'est une plante qui est très utilisée aujourd'hui à travers le monde. C'est une des plantes les plus répandues à travers le globe. Elle pousse dans des milieux et dans des climats très différents. Et cependant, en fait, il y a des entreprises qui l'utilisent en France, qui cherchent à relocaliser leurs approvisionnements, qui vont s'approvisionner aujourd'hui peut-être en Asie ou en Europe de l'Est. Et ils disent : ben voilà, aujourd'hui, j'aimerais relocaliser à 30%, mais dans deux ans, j'aimerais relocaliser à 100%. Et donc, comment on fait ? En l'occurrence, il s'agit de la baie de genièvre, qui est utilisée notamment par toutes les micro-distilleries qui font du gin, et même les grosses distilleries qui font du gin. C'est la matière première. Et voilà, il y a quelques années, c'était il n'y a pas très longtemps, une entreprise qui nous dit : moi j'ai besoin de 2 tonnes, je crois que c'était, de baies de genièvre. Et en fait, aujourd'hui, le marché en France, il est relativement tendu. Et en plus, cette demande est arrivée au moment où on a eu des récoltes particulièrement basses liées au changement climatique. Donc on était dans une attitude d'assez... voilà, assez forte en fait, on s'est dit, on ne sait pas où on va avec cette ressource. Certes, il y en a un peu partout, parce que c'est un arbre pionnier, et qu'on en trouve dans tous les piémonts, dans toutes les zones abandonnées par l'exode rural. Mais voilà, il y a aussi une micro-faune qui est liée typiquement à cette ressource. Il y a aussi des zones qui ont été abandonnées il y a 50 ans ou 80 ans, qui sont réinvesties à présent par l'agriculture. Donc en fait, on rase des centaines d'hectares de genévriers. Ça, c'est une réalité en France. Et donc, dans ce contexte-là, est-ce qu'on va réellement relocaliser l'approvisionnement en baies de genièvre des distilleries ? Alors là, c'est une question du point de vue de la ressource, mais on pourrait se poser la question en amont, c'est-à-dire, est-ce qu'on a besoin de boire ces hectares de litres de gin ? C'est une autre question.
Camille Pelloux
Merci pour cet exemple. Jessica est-ce que tu veux partager un exemple de plantes ?
Jessica Blum
Il y en a quand même plusieurs. En ce moment, il y a la cueillette de l'arnica. C'est la première qui me vient à l'esprit, parce que justement, sur les réseaux sociaux, il y a beaucoup de cueillettes d'arnica. Ça commence à se savoir, de dire : quand même, l'arnica, il y a une tension dessus. Mais il y a quand même toujours beaucoup de publications, je trouve, sur la cueillette d'arnica sauvage. Personnellement, ça me trouble un peu.
Camille Pelloux
Donc, remise en contexte sur l'état des ressources de l'arnica ?
Jessica Blum
Eh bien, de ce que je sais — parce que moi, je ne la cueille pas, donc je n'ai pas de retour personnel sur l'Arnica —, mais il y a une tension sur l'arnica. Alors, si j'ai bien compris, plutôt du côté de l'Alsace, il y a beaucoup de cueillettes d'arnica à titre professionnel, donc des gros labos qui viennent cueillir là, mais aussi des plus petits cueilleurs. Donc, apparemment, c'est assez bien géré, mais depuis 2020, avec le réchauffement climatique, elle ne pousse plus, tout simplement. Elle commence à devenir de plus en plus rare. Donc, en tout cas, dans cette région-là, de ce que j'ai entendu, ça commence à être compliqué. Après, Thomas, toi, je crois que tu as d'autres retours.
Thomas Echantillac
L'arnica, effectivement, c'est une plante qu'on trouve dans un milieu très spécifique. Donc, on a une jolie station dans les Vosges. Il y en a un petit peu dans certaines stations du Massif Central. Et un peu dans les Pyrénées aussi. Il y a des cueilleurs qui vont là-bas. Mais effectivement, elle est particulièrement sensible au changement climatique et sa floraison ces dernières années a été assez limitée. Cette année, j'ai eu des retours en 2024 sur des stations qui ne sont absolument pas fleuries.
Camille Pelloux
Et puis c'est en plus des plantes qui sont super difficiles à planter donc du coup il y a une pression.
Jessica Blum
Oui, c'est ça. Après, il y a une autre plante qui me tient à cœur en ce moment, c'est vraiment le thym. Alors le thym, c'est une plante qui est assez cultivée, donc je ne pense pas qu'on va manquer de thym de toute manière. Et je ne pense pas, enfin, des retours que j'ai, elle ne va pas disparaître totalement de la France. Mais il y a beaucoup de sites qui sont de plus en plus sous tension à cause du réchauffement climatique. Donc pas la sécheresse, mais des retours de cueilleurs que j'ai, il y a aussi, quand il y a des grosses pluies, beaucoup d'eau, des inondations, ça fait qu’il y a du ravinement et les pieds de thym sont arrachés. Il y a des sites de cueillettes qui sont assez mal en point à cause de ça. C'est une première chose. On observe aussi les chémotypes qui sont en train de bouger avec la sécheresse, etc. En fait, ils se déplacent. Il y a des régions où ils commencent à changer. En hauteur, on ne retrouve plus les mêmes qu'on retrouvait avant. Et l'autre chose que j'ai aussi de retour de cueilleurs — donc des gens qui sont sur des sites et qui y retournent chaque année — là on voit de plus en plus des coupes, vraiment des mauvaises pratiques autour de la cueillette du thym. Et ça, c'est très fort ces dernières années, parce qu'il y a un nouvel effet de mode de retour à la cueillette. On aime bien cueillir le thym sauvage, et donc on a l'impression de préserver la ressource parce qu'on ne va cueillir que sur quelques pieds, mais en fait on les cueille très mal. On coupe dans le bois et donc la plante ne se régénère pas correctement. Il y a le thym, il y a la sarriette aussi. Mais c'est les deux plantes, en tout cas, où il y a une tension qui n'est pas encore très connue, mais qui risque d'amplifier le réchauffement climatique. Et puis aussi, si on continue à cueillir sans faire attention, avec des mauvaises pratiques, ça va poser un problème.
Camille Pelloux
Donc par exemple sur le thym, des gestes qui ne sont pas forcément optimaux, qui peuvent être observés : donc, mauvaise pratique de la coupe, couper trop fort dans le bois…?
Jessica Blum
Oui et donc en fait, normalement on va cueillir sur les pousses de l'année, mais comme on va tailler trop dans le bois, la plante elle va tout simplement mourir. Donc même si on cueille que sur quelques plants, on va les tuer. Et on n'est pas obligé.
Thomas Echantillac
Et on n'est pas obligés !
Camille Pelloux
Alors du coup, est-ce que vous voulez rajouter une plante en plus, faire un autre exemple ?
Thomas Echantillac
Des plantes, il y en a plein ! En fait, il faut voir : en France, on cueille de manière commerciale plus de 700 plantes. Donc c'est très important. Ça fait presque 10% de notre biodiversité. Et avec l'Association des Cueilleurs, on s'est intéressés à faire des fiches techniques pour cueillir chacune de ces plantes. Mais on s'est dit, on ne va pas faire 700 fiches. Donc on a un peu resserré les critères, on a pris celles qui sont le plus cueillies et on les a hiérarchisées sur des critères de fragilité, de reproduction, de technicité de la cueillette. Et donc pour l'instant il y a une cinquantaine de plantes qui vont être traitées. En fait, pas sous forme de fiches, parce qu'on s'est rendu compte que nos fiches, elles faisaient plus de quarante pages. Donc, on appelle ça des livrets techniques.
Camille Pelloux
Donc, où est-ce qu'on peut trouver ça ? Est-ce que tu veux parler du coup de l'Association Française des Cueilleurs ? Est-ce que tu veux du coup aborder cette thématique-là ? Est-ce que tu veux la présenter et expliquer le chemin pour arriver jusqu'à ces fiches.
Thomas Echantillac
En fait, l'Association française des professionnels de la cueillette de plantes sauvages — c’est le nom de l’AFC —, elle est née en 2011 suite à des réflexions entre cueilleurs, mais aussi de gens qui étaient à l'extérieur de la cueillette. À la fois, suite au constat qu'il y avait de plus en plus de gens qui cueillaient, de plus en plus de demandes aussi de la part du marché et également par rapport aux réglementations, à l'évolution des réglementations. Donc ça c'était, on va dire, les trois motivations. Et lorsque l'association a été créée, en fait, un quatrième effet a eu lieu : ça a été la reconnaissance du métier. Parce qu'en fait, c’était avant 2011, à cette époqe quelqu'un qui voulait rencontrer un cueilleur, il avait intérêt à avoir de la chance. Aujourd'hui, l'AFC a un site internet avec un répertoire d'adhérents, donc c'est, j'ai envie de dire, facile de rencontrer quelqu'un qui fait de la cueillette professionnelle. Et donc cette reconnaissance, cette visibilité, elle a aussi donné une reconnaissance de cette activité, une reconnaissance auprès du ministère de l'agriculture et auprès du ministère de l'environnement. Ensuite, après ce constat, l'association s'est concentrée sur cette question de préservation de la ressource, déjà en définissant les valeurs que tout le monde pouvait partager par rapport aux plantes sauvages, qui ont été compilées dans une charte. Ça, c'est un document qui a vu le jour en 2017.
Camille Pelloux
Et cette charte, elle est accessible à tout le monde ?
Thomas Echantillac
Elle est toujours accessible à tout le monde sur le site internet de l'association, https://www.cueillettes-pro.org/ .
Camille Pelloux
Et c'est une charte qui relate les bases de bonnes pratiques ?
Thomas Echantillac
En fait, c'est des valeurs, donc c'est des principes de respect des plantes, de respect de l'environnement, de respect de la réglementation, de partages des savoirs et d'amélioration générale. C'est assez simple, mais on a cherché à faire quelque chose d'universel dans lequel chacun puisse se reconnaître. Donc la suite, c'est comment on met ces valeurs en pratique. Donc on a mené un chantier pour rédiger un guide de bonnes pratiques de cueillette.
Camille Pelloux
Et ce guide, il est accessible aussi ?
Thomas Echantillac
Alors ce guide, il est finalisé aujourd'hui. Il est accessible à tout le monde en version numérique sur le site de l'AFC. Ok. Et donc il est téléchargeable par n’importe qui. Et ensuite comme c'est quand même un ouvrage qui fait plus de 200 pages, l'association propose une version papier accessible à tous.
Camille Pelloux
Ok donc ça par exemple est-ce un conseil que tu donnerais aux gens qui veulent se lancer, qui aimeraient cueillir un petit peu ou qui cueillent déjà dans leur contexte familial, tu penses que ça serait une bonne idée qu'ils aillent télécharger ce guide ou qu'ils le commandent et qu'ils le lisent ?
Thomas Echantillac
Oui, c'est intéressant pour tout le monde. En fait, cet ouvrage a été conçu par les cueilleurs professionnels, pour les cueilleurs professionnels, mais pas uniquement. C'est un ouvrage qui fait vraiment le tour de la question de la cueillette professionnelle en France. Il parle de la ressource, mais aussi de tous les sujets connexes. C'est un véritable manuel pour quelqu'un qui débute dans la cueillette, c'est extrêmement précieux. Et il s'adresse également à des gens qui peuvent être gestionnaires d'espace ou même aux législateurs.
Camille Pelloux
Du coup, justement, elle en est où la législation en France, par exemple, par rapport à la cueillette ? Est-ce que tu veux parler du cadre un petit peu de la pratique ? Normalement, est-ce que n'importe qui peut cueillir n'importe où ?
Thomas Echantillac
Oui, alors, il y a on va dire trois niveaux. C'est-à-dire que la première chose, c'est qu'en France, on est dans un pays régi par la propriété privée. Donc il n'y a pas un centimètre carré en France qui n'appartient pas à quelqu’un, que ce soit une propriété privée ou une propriété publique. Donc la première chose, c'est de respecter la propriété privée. C'est-à-dire que tout ce qui pousse sur le sol appartient à un propriétaire. C'est pour ça qu'on a cherché systématiquement à avoir l'autorisation du propriétaire. Et là, un exemple, il n'y a pas longtemps, Jessica a demandé l'autorisation pour cueillir des fleurs un peu en contrebas dans un pré, et le propriétaire lui a dit “ah mais merci, ça change de tous ces passants qui se servent sans rien demander”. Donc en fait, ce n'est pas quelque chose qui est dans les us et coutumes, j'ai envie de dire, parce que voilà, on prend trois fleurs et c'est insignifiant. Mais en fait, on pénètre une propriété privée. Et ça... quand c'est vu, quand c'est su, ça peut être mal vécu.
Jessica Blum
Oui, répétitif aussi, parce que quand on est seul on ne se rend pas compte, mais sur des chemins de balade souvent on va cueillir une fois, et puis l'autre derrière aussi, et ainsi de suite. Et justement, pour cette personne-là, je pense que là, on est en pleine période d'été, il y a beaucoup de gens qui passent, il y a plein de gens qui cueillent. C'est vrai qu'on se dit que ce n'est pas pour trois poignées de fleurs, mais en fait, pour lui, c'est tous les jours. C'est une question aussi de savoir vivre et de respect. Et puis de créer du lien, parce que du coup, en discutant de ça avec lui, en discutant de la cueillette du millepertuis, après quand on s'est revus il m'a dit “Ah, t’as cueillis quoi ?” et on a pu discuter, et c'est intéressant aussi de créer du lien sur cette base-là : on a simplement demandé, il sait qui je suis, je sais qui il est, et c'est intéressant aussi.
Thomas Echantillac
Après la réglementation, aujourd'hui, le législateur a réfléchi à protéger les espèces végétales, donc sur la base des experts scientifiques qui disent : cette espèce est menacée sur tel territoire, on va la protéger. Donc là, il y a plusieurs niveaux, plusieurs outils. Des plantes peuvent être protégées de manière nationale, de manière plus locale, de manière totale ou partielle. Là, il y a plusieurs niveaux, mais qui concernent uniquement les plantes qui sont menacées d'extinction. Par exemple, la gentiane qui est extrêmement cueillie, très peu protégée, en tout cas pas protégée dans les espaces où elle est cueillie parce qu'elle est abondante. L'exemple de la gentiane est particulier. Mais en tout cas, il illustre cette différence entre la protection des espèces et la menace des prélèvements liés à la cueillette. Et ensuite, il y a une protection des espaces, où depuis quelques dizaines d'années, on protège des espaces pour la biodiversité, on fait des réserves biologiques, on fait des parcs nationaux, on fait des zones nature à 2000... voilà il y a différents outils réglementaires qui existent, dans lesquels on va soit protéger un aspect du paysage, soit interdire toute cueillette. Voilà, et ce qui fait que, à part ça, à part la protection des espèces, les espèces menacées d'extinction souvent ne sont pas intéressantes pour les gens qui cueillent (il faut quand même se renseigner localement parce qu'il peut y avoir des exceptions) ; la protection des espaces, qui est assez bien indiquée (on peut très bien aller cueillir ailleurs) ; et le respect de la propriété privée fait que la cueillette en France est très attractive pour nos voisins étrangers.
Camille Pelloux
Ah, donc il y a beaucoup d'étrangers qui viennent cueillir ici ?
Thomas Echantillac
Beaucoup je ne sais pas, mais il y a des étrangers effectivement qui viennent cueillir parce que chez eux, c'est plus compliqué.
Camille Pelloux
Alors, par exemple, dans les pays limitrophes comme la Belgique ou la Suisse, l'augmentation est différente ?
Jessica Blum
En Belgique, c'est très flou, on en discute souvent avec d'autres personnes et on a du mal à savoir ce qu'on peut faire ou ce qu'on ne peut pas faire. Il y a les champignons sur lesquels il va y avoir une petite réglementation, mais je ne la connais pas parce que je ne cueille pas les champignons. Je pense aussi sur la myrtille. Mais à côté de ça, il ne se passe rien, il n'existe rien. Ce n'est pas très connu, le métier de cueillette, le fait de cueillir des plantes sauvages. Donc pour l'instant, à part demander l'autorisation au propriétaire — ce qui résulte plus du bon sens, du savoir-vivre — il n'y a pas vraiment de... Alors si, peut-être, il faut encore voir des signatures à 2000 ou des trucs comme ça, mais je ne suis pas... il n'y a pas vraiment de réglementation spécifique sur la cueillette. Et c'est un sujet justement où on discute avec certaines personnes en Belgique, on essaie de comprendre en fait qu'est-ce qu'on peut faire, qu'est-ce qu'on ne peut pas faire. Mais on n'a pas vraiment d'informations. Par contre, je ne sais pas s'il y en a qui viennent cueillir en France. Je pense que oui.
Thomas Echantillac
Après, moi je connais l'exemple espagnol où là-bas, en fait, chaque cueillette professionnelle doit être indiquée dans un registre, dans une administration. Donc ça, ça peut être contraignant. Je n'ai pas discuté personnellement avec des cueilleurs espagnols, mais je sais qu'il y en a, du coup, qui traversent la frontière, ne serait-ce que pour changer de versant dans les Pyrénées, ou même aller plus loin, cueillir des pignons de pain sur l'île de Ré, par exemple, ou que sais-je.
Camille Pelloux
Ok, intéressant, ça je ne savais pas pour l'Espagne qu'il y avait cette réglementation. Ok, donc en gros, la législation française, il y a un cadre, mais qui n'est pas aussi strict que dans d'autres pays, ce qui fait qu'il y a des gens d'autres pays qui peuvent venir aussi.
Thomas Echantillac
Voilà, aujourd'hui, le législateur a conscience que l'outil n'est pas adapté à la réalité du terrain, et l'Association des Cueilleurs discute avec le Ministère de l'Environnement, qui est en charge de la révision des outils réglementaires, pour justement faire quelque chose qui soit réaliste.
Camille Pelloux
Ok.
Thomas Echantillac
Au début, ils nous ont demandé quelles vont être les plantes menacées dans les 20 prochaines années. Mais en fait, le marché, comme n'importe quel marché, fonctionne avec des modes. Et on ne peut pas anticiper les modes.
Camille Pelloux
Ok. Intéressant. Du coup, pour résumer ce que tu dis par rapport au cadre, enfin, ce que vous avez dit tous les deux, déjà, l'idéal si on veut cueillir, c'est de demander l'autorisation, ça c'est un premier point. Et deuxième point, ça serait aussi regarder l'état de la ressource de cette dite plante, ou pas ?
Thomas Echantillac
Oui, en fait, observer. Observer le milieu où on aimerait la cueillir, voir si elle est abondante autour, si la population dans laquelle on va cueillir est suffisamment forte, si elle est au bon endroit. Vraiment observer.
Camille Pelloux
Est-ce que on pourrait donner quelques clés, quelques recommandations, quelques cadres à poser par rapport à cette cueillette ? On renvoie directement les personnes qui nous écoutent au guide de bonne pratique, ou est-ce que vous avez envie de partager quand même des points clés ?
Jessica Blum
Non, moi juste que je voulais rajouter à tout ce qui s'est dit, c'est que... Il n'y a pas besoin d'attendre qu'une plante soit sous tension pour en prendre soin.
Camille Pelloux
Bien sûr.
Jessica Blum
Et c'est quelque chose qui m'est venu quand on voit souvent des effets de mode, comme tu disais, et donc parfois on va utiliser des plantes pas forcément de la bonne manière etc., mais on va dire “oui bin elle est abondante, c'est pas très grave !” comme par exemple l'ortie ou le pissenlit ou autre. Mais ce n'est pas parce qu'elle est abondante, on ne doit pas attendre qu'il y ait un problème avec la plante, avec la ressource sur cette plante pour se poser la question, en fait, de savoir est-ce que je fais les choses bien. Enfin, après, ce n'est pas de se culpabiliser non plus, mais d'avoir un recul sur ce qu'on fait, sur la pratique qu'on va avoir avec les plantes. Et comme disait Thomas, justement, de prendre le temps d'observer, parfois sur un temps long, ça peut être très riche, en fait, et ça peut éviter de faire des gestes, pas par malveillance, mais juste parce qu'on ne savait pas et qu'on n'a pas pris le temps juste d'observer, de se poser les bonnes questions.
Thomas Echantillac
Et parfois, ça crée plus de liens avec la plante que de cueillir, en fait.
Jessica Blum
C'est ça.
Camille Pelloux
Exactement. Est-ce que tu veux donner quelques clés peut-être pour conclure, est-ce que tu veux rajouter quelque chose ?
Thomas Echantillac
C'est vrai que dans ce guide de bonnes pratiques on a mis plein de choses et je ne saurais pas quoi partager de ces 200 pages là tout de suite. Par contre, ce que je peux dire, c'est que ce guide de bonnes pratiques, il s'applique à n'importe quelle plante. Donc c'est vraiment des concepts, des idées que chacun peut s'approprier et l'adapter dans son cas. Donc c'est aussi pour ça que c'est un guide qui est très puissant. Ensuite, on a fait les livrets techniques plante par plante avec des spécificités pour chacune de ces plantes, où là on va plus dans le détail, on parle de l'identification, des confusions, on parle aussi de l'état de la ressource de cette plante sur le territoire français. Et ensuite on décrit chaque geste qui peut être considéré comme une bonne partie de cueillette pour toutes les parties de la plante, et on donne des préconisations de gestion des stations. Donc c'est vraiment des outils qui sont aussi très précieux. Aujourd'hui, il y a une dizaine de livrets qui ont été publiés.
Camille Pelloux
Il y a quelles plantes, tu sais un petit peu ?
Thomas Echantillac
Donc les premiers, c'était millepertuis, lavande, aubépine, arnica, gentiane. Et depuis, on a fait la reine des prés, les bruyères, le boulot, le chaga, la primevère officinale, l’ail des ours, le thym.
Jessica Blum
Et il y a le guide bourgeon qui arrive demain.
Thomas Echantillac
Et après là on est en train de travailler sur le genévrier, prêle, romarin, les centimes. C'est pour bientôt !
Camille Pelloux
Donc génial, donc en gros, si on va sur le site internet de l'association, on peut télécharger le guide de bonne pratique, et on peut charger les livrets techniques sur chacune de ces plantes que tu as mentionnées.
Thomas Echantillac
Alors les livrets techniques sont réservés aux adhérents.
Camille Pelloux
Ok, donc il faut adhérer à l'association, et ensuite c'est gratuit ? c'est une adhésion annuelle ?
Thomas Echantillac
Voilà, vous avez une adhésion annuelle qui est de 25 ou 30 euros selon votre situation, et ensuite les documents sont téléchargeables gratuitement. Et pour les versions papier, elles sont à 10 euros les livrets et 20 euros le guide.
Camille Pelloux
C'est super de savoir ça ! Et on a besoin d'être professionnel pour être adhérent ? Ou on peut être cueilleur, passionné et adhérer ?
Thomas Echantillac
On peut être tout à fait passionné et adhérer sans être professionnel. En fait, on a plusieurs catégories d'adhérents possibles : il y a effectivement les amateurs, on va dire, qui vont être invité à payer 25 euros ; les cueilleurs professionnels qui vont être invités à payer 30 euros ; ensuite on a les entreprises utilisatrices qui vont payer en fonction de leur chiffre d'affaires entre 180 euros et 1500 euros.
Camille Pelloux
C'est super.
Thomas Echantillac
Et on a aussi des partenaires de type gestionnaire d'espace, comme des CEN (Conservatoires d'Espaces Naturels), des parcs naturels régionaux, les conservatoires botaniques nationaux. Donc on a aussi d'autres partenaires qui adhèrent, qui nous soutiennent, et qui nous partagent leurs connaissances.
Camille Pelloux
Vous êtes tous les deux membres, et Jessica, tu fais partie du conseil d'administration, c'est ça ?
Jessica Blum
Oui c'est ça. Je suis dans le conseil d'administration depuis février, donc je m'intègre au TITET.
Camille Pelloux
Bon bah déjà ça c'est une super ressource pour les personnes qui nous écoutent !
Thomas Echantillac
Oui tout à fait, et d’ailleurs le site internet a été refait en début d'année, donc il est bien fait, il y a beaucoup d’autres ressources sur le site, il y a des contacts… il est fourni !
Camille Pelloux
Ok, bon alors du coup, plutôt que de donner des conseils à la volée, on vous invite à adhérer, à aller visiter le site. Et est-ce que pour le livret de bonne pratique aussi, il faut être adhérent ?
Thomas Echantillac
Non, celui-là il est disponible pour tout le monde.
Camille Pelloux
Bon alors du coup le livret de bonne pratique, tout le monde peut le télécharger, et puis ensuite si vous avez envie de faire de la cueillette, enfin, si vous faites de la cueillette et que ça vous passionne, peut-être adhérer et pouvoir télécharger les plantes plus spécifiques.
Thomas Echantillac
Voilà. Adhérer, c'est aussi soutenir la démarche de l'AFC tout simplement.
Jessica Blum
Après, il y a aussi des webinaires qui ont eu lieu. Il y en a eu un sur la réglementation, il y en a trois autres, je ne sais plus exactement, mais je crois qu'il y en a un sur l’ail des ours, puis il y en a un qui va être sur le métier de cueilleur et un troisième. Donc ceux-là, ils sont ouverts à tous aussi, ils sont gratuits, il me semble, donc on peut s'inscrire et on peut avoir accès au replay aussi. Et sur le site web, il y a beaucoup de documents, il y a une médiathèque avec pas mal de documentation, il y a un peu de tout, des articles pour le grand public, mais des articles plus scientifiques. Et puis voilà, il y a plusieurs choses. En fait, si on fouille un peu, il y a beaucoup d'informations sur le site. Déjà, un rappel sur la réglementation, il y a des portraits de cueilleurs aussi notamment. Il y a pas mal de choses à découvrir.
Camille Pelloux
Ok. Super. Est-ce que vous voulez rajouter quelque chose ? Il y a des choses qui vous tiennent à cœur de partager sur cette préservation de ressources, sur les bons gestes, sur des conseils peut-être à donner ?
Jessica Blum
Je vais peut-être juste partager un truc, une question qu'on me pose souvent, et il y en a beaucoup qui m'ont posé durant le stage, c'est par exemple : est-ce que semer des graines, ça va aider pour la ressource ? Et de ce que j'observe — alors après, je ne suis pas une grande experte sur le sujet — mais c'est bien de semer des graines et c'est bien d’aider à ce niveau-là, mais laisser la plante grainer, c'est encore mieux en fait, de vraiment la laisser faire sa vie tout simplement. Parce que si on cueille tout le temps, on ne va pas la laisser tranquille, forcément, donc elle ne va pas monter en graines. Mais il y a aussi cette question du brassage génétique, en fait. Et on observe maintenant qu'il y a des plantes qui s'auto-fécondent à cause du climat notamment, des problèmes sur la biodiversité, parce qu'il y a moins de pollinisateurs, etc. Donc c'est bien d'aider la plante à grainer, disperser des graines, mais il y a souvent des personnes qui veulent semer d'autres graines et ce genre de choses, et c'est pas toujours forcément approprié. Ou bien de laisser un peu la nature tranquille, je pense, de la laisser monter en graines, pour ce brassage génétique. Après, ce n'est pas toujours le seul mode de reproduction. Par exemple, il y en a beaucoup qui se reproduisent par réseau, donc faire attention quand on va cueillir la plante, faire attention aux racines, ça, c'est vraiment important. Sur l'arnica notamment, elle se développe beaucoup avec les rizomes, mais il me semble que quand les gens cueillent, il y a souvent un arrachage. Et je remarque qu'en fait, il n'y a pas que l'arnica, il y en a beaucoup. Dans ma pratique, des fois je ne fais pas attention, je cueille, j'arrache la racine… donc c'est un petit “oups mince”, mais voilà, c'est important de faire attention à ça aussi. Après, je ne sais pas, il y a toutes les questions sur les bons gestes, notamment sur le thym, mais ça c'est difficile à expliquer, je trouve.
Thomas Echantillac
Et après, sur la dissémination des graines, pour favoriser une ressource, il faut voir qu'effectivement, pour que une plante se germe, ça pareil, ça se développe, il faut effectivement une graine, mais il faut aussi que les conditions soient réunies. Donc il ne suffit pas de mettre des graines un peu partout. En fait, dans le sol, de manière générale, en moyenne, on a environ 40 000 graines par mètre carré. Donc des graines, il y en a.
Camille Pelloux
Oui, c'est les conditions qui manquent.
Il y a quelque chose aussi que j'avais envie juste de vous poser comme question qui est en train de me venir par rapport à un partage que vous aviez fait sur l'aubépine, et sur une réflexion que j'ai lue dans un bouquin dernièrement, sur le fait d'intervenir sur le végétal, et que ça peut être aussi en cueillant des gestes qui peuvent “aider” la plante, entre guillemets, parce que par exemple moi je sais que dans les mouvements d'agriculture syntropiques avec lesquels je bosse au Brésil, on parle beaucoup de la taille, de la coupe, que ça peut aussi faciliter, enfin, aider la plante d'une certaine manière, parce que ça peut l'aider à enlever le bois mort, à faire pénétrer plus de soleil. Qu'est-ce que vous en pensez tous les deux par rapport à ça ? Est-ce que tu crois qu'en tant que cueilleur, on peut aussi avoir une relation symbiotique avec les plantes et créer une relation qui fait que finalement, on peut aussi “aider” la plante, entre guillemets ? Si les gestes sont bien faits.
Thomas Echantillac
C'est dans le champ des possibles, ça va paraître pour toutes les plantes. Et en fait... Moi, ça me fait penser que aujourd'hui la cueillette n'est pas reconnue comme une activité agricole. L'activité agricole, au sens du code rural, c'est une intervention dans le cycle du vivant. Or, la cueillette, on le fait juste prélever. Donc, c'est comme si on faisait du commerce avec la nature. Sauf que quand même quand on cueille, on peut intervenir, on peut couper, on peut tailler, on peut entretenir les paysages parce qu'on va entretenir les haies, on va vérifier que la friche elle part pas trop en forêt tout de suite, ce genre de choses. Donc j'ai envie de dire... Oui et non !
Camille Pelloux
Comme tout en réalité haha !
Thomas Echantillac
Oui c’est ça. Mais par contre en fait quand on intervient, c'est important de savoir déjà pourquoi on le fait, d'être sûr de ce qu'on fait, et d'avoir un regard large pour être sûr de mesurer tous les impacts possibles.
Camille Pelloux
Oui, c'est ça. Donc c'est regarder du haut, la conscience.
Thomas Echantillac
C'est ça, regarder la conscience. Moi, dans les quelques transmissions que je fais, je parle beaucoup d'écologie, parce qu'en fait, on intervient dans des milieux, on n'intervient pas forcément... Alors, on s'intéresse à une plante, mais... on va intervenir dans un milieu écologique. Et donc les plantes, les êtres vivants en général, parce qu'il n'y a pas que les plantes, dans un biotope, il y a aussi une faune, tout ça, on va impacter tout le reste.
Jessica Blum
Après, je pense pour des personnes qui veulent commencer à cueillir, ou qui s'intéressent en tout cas à cette pratique, c'est difficile d'avoir une petite boîte à outils pour dire “voilà on peut cueillir cette plante là comme ça, comme ça, comme ça…” Ce qui est vraiment intéressant c'est ce qu’on a dit, d'observer, mais après je pense aussi de se rapprocher de cueilleurs en fait sur un long temps. Pas forcément tout le temps avec eux mais sur certaines périodes de l'année. Et d'observer, moi c'est beaucoup en observant Thomas en fait que j'apprends des choses dans sa pratique. Là on parle de la taille, quand tu as été cueillir l'aubépine, tu m'as expliqué différentes choses dans ta pratique. Et c'est valable pour l'aubépine, mais ce n'était pas forcément valable pour toutes les autres plantes, tous les autres arbustes. Et donc, c'est vraiment du cas par cas. C'est vraiment en relation avec la plante, en fait. Et comment gérer le site de cueillette, comment gérer la plante, comment gérer ses espaces avec son aubépine… Et Thomas avait partagé une manière de tailler l'aubépine qui permet à la plante de repousser, mais aussi de se développer d'une certaine manière qui facilite la cueillette, sans forcément abîmer l'arbre. Et sur le thym, par exemple, c'est pareil : on cueille le thym d'une certaine manière, on va cueillir les pousses de l’année, on va éviter de taper dans le bois… Après, tu me dis si je me trompe, mais parfois, on peut couper dans le bois pour certaines raisons, mais il faut vraiment laisser la plante se régénérer longtemps, pendant plusieurs années. Mais tout ça, ça s'apprend vraiment par des gestes, en fait. Je ne sais pas comment l'exprimer.
Thomas Echantillac
C’est la fréquentation des plantes. En fait, moi, c'est comme ça que je vis mon métier, c'est-à-dire qu'à chaque fois que je vais cueillir une plante, c'est une nouvelle page, en fait. Et moi, quand je vais cueillir, je ne m'intéresse pas forcément à ce qui va se passer derrière avec la plante. Ce qui m'intéresse, c'est quel lien j'ai créé aujourd'hui avec la plante.
Camille Pelloux
Merci pour ça. Et ça me fait penser à ce que tu disais Jessica tout à l'heure, quand tu disais qu'il faut qu'on revienne à des choses simples : peut-être que ce n'est pas la peine de connaître toutes les plantes, mais si on a déjà une relation avec quelques plantes et dont on va vraiment faire des recherches et s'intéresser pour bien le faire, c'est plus intéressant que de vouloir absolument cueillir toutes les plantes qui existent. C'est quelques-unes des plantes avec lesquelles on peut créer un lien, et du coup vraiment prendre le temps de comprendre comment elle fonctionne, comment on peut la cueillir, comment on peut vraiment travailler avec elle pour être dans le respect.
Thomas Echantillac
Approfondir le lien et l’apprécier.
Camille Pelloux
Et ça c'est important de le dire, parce que c'est moins “tout vouloir” et regarder simplement ce qu'on a autour de nous, et peut-être avec moins de spécimens.
Thomas Echantillac
Avec plus de modestie.
Camille Pelloux
Vraiment. L'être humain, j'ai l'impression que l'homo sapiens, il n'est pas très doué pour ça. C'est vrai, c'est fou comme on se met toujours dans un espèce d'endroit de domination. Moi j'ai ma copine, Nat Muguet — qui est une paysanne brésilienne, herbaliste, elle a une ferme de 20 hectares — et elle, elle dit tout le temps qu'on est esclaves des plantes, de toute façon. Parce qu'en fait, elles nous prennent en otage pour se reproduire aux toilettes, sur les vêtements, dans les cheveux. Et en fait, on est esclaves d'elles, donc il faut qu'on ramène un peu notre égo vers le bas quoi. OK. Merci beaucoup pour votre partage. Est-ce que vous voulez rajouter quelque chose ? Thomas, Jessica ?
Thomas Echantillac
Merci.
Jessica Blum
Merci beaucoup.
Camille Pelloux
Merci à toutes et à tous.
Si ce podcast vous a plu, n'hésitez pas à le noter de 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute. Cela m'est très utile afin de faire connaître mon travail. Partager autour de vous cet épisode, cela m'aide à faire grandir ma communauté et à semer des graines. Ce podcast fait partie du projet de transmission de mon école en ligne Déa Terra. Je vous invite à découvrir les programmes en ligne que je vous propose autour de la naturopathie et de l'herboristerie. Je vous invite également à suivre mes comptes Instagram, @camillepelloux_ et celui de mon école en ligne @ecole_deaterra. Merci pour votre écoute.
Nos actualités :
Découvrez nos programmes en ligne en lien avec la naturopathie régénérative, les plantes médicinales et l'art de vivre avec la terre sur la page dédiée et rejoignez-nous sur notre compte Instagram @ecole_deaterra
Avertissement :
Les informations partagées dans ce podcast ne constituent ni un accompagnement, ni un avis médical, ni des conseils personnalisés. Faites appel à votre discernement, votre esprit critique et votre libre arbitre. N’arrêtez jamais un traitement médical en cours ni l’accompagnement par votre professionnel de santé. Faites appel en cas de besoin à un professionnel et un spécialiste pour une prise en charge adaptée.
© Tous droits réservés