EPISODE 8
RENCONTRE :
Nat Muguet
Plantes médicinales & agriculture régénérative
Présentation
Dans l’épisode d'aujourd'hui, j’ai la joie de converser avec Nat Muguet, paysanne herboriste, ethno-botaniste, agronome fondatrice de la ferme Sitio Semente au Brésil, spécialiste de l’agriculture régénérative et de l'agroforesterie syntropique. Cet épisode a été enregistré au centre de formation en agriculture régénérative Tierra del Sol à Oaxaca au Mexique, il a été enregistré en espagnol et traduit en Français par mes soins.
Durant ce podcast, Nat nous parle de l'agroforesterie syntropique, cette méthode si ingénieuse et pleine d’espoir qui imite l’abondance de la forêt, pour régénérer la terre, capter le carbone de l’air responsable du réchauffement climatique et générer de l’eau.
Nous partagerons notre passion commune pour les plantes médicinales et nous rappelons l’importance d’opter pour des modes de culture régénératif également pour produire des plantes médicinales, mais aussi de prendre soin des graines, de planter et de semer. C’est un message plein d’espoir, spontané et rempli de sagesse incarnée que nous délivre ce podcast.
Références cités dans ce podcast :
Instagram de la fondation d’Ernest Gotsch le fondateur de l’agriculture agroforesterie syntropique https://www.instagram.com/agendagotsch/
Sites internet de la fondation d’Ernest Gotsch https://agendagotsch.carrd.co/
Instagram de Nat Muguet https://www.instagram.com/natmuguet/
Instagram de sa ferme Sitio Semente https://www.instagram.com/sitio.semente/
Site internet de Sitio Semente https://www.sitiosemente.com/cursos-presenciais
En france, voici un centre de formation en agroécologie appliquant certains principes de l’agroforesterie syntropique https://alveoles.fr/
Crédit :
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Ecriture, réalisation et narration : Camille Pelloux
Invitée : Dr Claire Laurant
Photos : Camille Pelloux
Illustration : Carlos Vazquez Ruckstuhl
Mixage : Luis Armando Martínez Morales
Générique : Accralate de Kevin Macleod
Retranscription
Des Racines Naissent Les fleurs, un podcast pour un art de vivre avec la terre, enraciné dans les réalités de notre temps. Ici, on parle de plantes médicinales, de naturopathie ou encore d'agriculture régénérative.
Je suis Camille Pelloux de l'école en ligne Déa Terra et ce que je souhaite ici, c'est partager des réflexions, des connaissances et des échanges avec des personnalités inspirantes. Je suis vraiment ravie de vous retrouver pour cette série audio.
Vous trouverez toutes les références et les sources citées dans cet épisode dans la page dédiée à ce podcast sur mon site internet. Le lien de cette page se situe dans la description.
Par ailleurs, je voulais vous rappeler que cet épisode et tous les épisodes visent à la préservation de savoir, à l'éducation et au partage de connaissances. Je ne suis ni médecin ni pharmacienne, alors ne faites pas d'imprudence, n'arrêtez pas de traitement en cours et demandez toujours l'avis de votre médecin ou de votre spécialiste de santé en cas de doute.
Dans l'épisode d'aujourd'hui, tournée au Centre d'agriculture régénérative Tierra del Sol, dans la vallée de Tlacolula, Oaxaca, au Mexique, nous allons échanger avec Nat Muguet, de la ferme Sitio Semente, au Brésil. Nat est paysanne herboriste, elle est botaniste, elle est aussi ethnobotaniste, elle est agricultrice et spécialiste de l'agroforesterie syntropique. Elle a beaucoup de choses à nous raconter et je suis ravie de vous offrir un épisode avec une riche conversation. Je vous souhaite une bonne écoute.
Comme Nat Nuguet, elle parle portugais, elle parle aussi espagnol, je vais traduire ce qu'elle nous raconte.
Camille Pelloux
Buenos días a todos. Estoy aquí con Nat Nuguet. Je suis là à côté de Nat Nuguet. qui va nous parler de l’agriculture syntropique. On va discuter sur la l’agriculture syntropique, sur les plantes médicinales. Elle a beaucoup de choses à nous raconter. Je suis très heureuse d'être avec vous maintenant pour discuter avec vous. Elle va nous raconter un petit peu ce que c'est que l’agriculture syntropique, elle va nous parler de plantes médicinales, elle va nous enseigner, nous expliquer, nous partager sa passion, nous expliquer en quoi c'est essentiel aujourd'hui qu'on revoie nos manières de considérer les plantes médicinales et de planter. Je suis très heureuse d'être avec elle ce soir, pour pouvoir partager cette conversation.
Nat, est-ce que tu veux te présenter ?
Nat Muguet
Alors Nat, elle nous salue, elle nous dit bonjour, bonjour à toutes, bonjour à tous. Elle nous dit que c'est un plaisir d'être ici pour partager un peu de notre passion qui est la nature, qui est la vie. Elle nous dit que c'est un plaisir d'être ici pour apprendre à faire regarder à travers une autre lentille, celle de la syntropie. La syntropie, c'est un mode de vie arboré de concepts. philosophique et pratique. Et le contenu principal est basé sur l'agriculture en tant qu'action de transformation. Nat dit : « Je suis agricultrice, j'ai une ferme au Brésil qui s'appelle Sitio Semente depuis 18 ans. Et cette savane, c'est une savane brésilienne qui a été impactée par des monocultures de céréales, de soja, de bétail. » Alors elle explique qu'elle essaye de montrer une autre réalité, celle de la régénération par les plantes. «Nous essayons, elle dit, de montrer une autre réalité de régénération par les plantes, ce qui nous permet d'avoir des forêts, des aliments sains et des plantes médicinales pour se soigner de manière accessible pour tout le monde.» Elle dit, parce qu'elle travaille avec son compagnon, qu'ils sont en contact avec la nature, qu'ils tentent de comprendre ces processus et qu'ils essayent de les optimiser chaque jour. Elle dit qu'elle est agronome et ethnobotaniste et que sa passion c'est de planter et de récolter des plantes médicinales.
Camille Pelloux
Peux-tu nous parler un petit peu, nous décrire ce que c'est que l'agriculture syntropique, parce que ce n'est pas forcément un concept qui est connu.
Nat Muguet
Elle dit que l'agriculture syntropique, c'est un terme qui lui a été apporté par son grand professeur Ernest Bosch, un Suisse allemand qui vit au Brésil depuis 40 ans. Il a lui-même tenté d'observer et de comprendre les processus qui se déroulent dans la forêt et donc de comprendre le processus de la vie sur lequel nous pouvons marcher. Il a essayé de comprendre le processus de vie qui habite notre maison, qui habite la planète Terre. Il a beaucoup étudié la manière dont nous pouvons optimiser les processus de vie et en fin de compte, il s'est bien rendu compte que le processus de vie, c'était un processus régi par les lois de l'énergie. Elle dit qu'elle l'a rencontrée à l'âge de 15 ans. Elle était adolescente et ça a changé, bouleversé sa perspective et son regard sur la vie. Elle a commencé alors à s'investir et à comprendre que nous avons une capacité de régénération de la vie. Et elle dit que dans notre société, nous pensons au contraire que nous ne sommes là que pour détruire, pour tirer le meilleur de tout, pour maximiser la destruction. Et donc, nous pensons que nous sommes mauvais, que nous sommes des mauvais pour la nature et que nous devons accepter ce fait. En fait, il y a une grande magie qui existe et la vie est une grande magie elle-même. Et quand on regarde la forêt, on a un bel exemple. En réalité, on se rend compte que la vie, elle est magique. Et on se rend compte dans la forêt qu'il y a un grand potentiel de vie. Là où il y a forêt, il y a tout. Il y a la biodiversité, il y a la vie, il y a l'abondance, il y a la coopération. Mais nous, nous vivons dans une société qui se trouve à l'opposé, c'est-à-dire dans une situation de pénurie. L’agriculture syntropique, elle est donc là pour nous rappeler cette abondance. L’agriculture syntropique est une technique agricole de régénération de la terre. Mais il s'agit d'une compréhension plus philosophique encore de la vie, de la manière dont nous pouvons répéter le processus de vie au sein de l'agriculture, au sein de notre société. Pour elle, elle dit que c'est très important parce qu'en fait, elle nous rappelle que nous, en tant qu'êtres humains, nous avons une action à l'intérieur du système. Nous avons une action plastique. Notre action plastique, notre part dans ce grand écosystème, c'est la part qui peut être faite à travers la plantation, la récolte, la coupe des arbres, quand c'est nécessaire, pour accélérer le processus de croissance. Le résultat de cette conversation entre l'homme et la nature, c'est une forêt. Et en même temps, elle nous dit que l’agriculture syntropique, c'est une manière de nous présenter au monde. C'est une manière de changer les mentalités sous forme d'action. Alors, elle nous dit que oui, on peut parler l’agriculture syntropique aussi dans des petites surfaces. On peut parler l’agriculture syntropique en parlant de potager dans son jardin, mais aussi de culture dans un pot, on peut parler d'agriculture syntropique dans un bac, mais aussi on peut parler d'agriculture syntropique sur une exploitation de 100 hectares. Car s'il s'agit d'un concept et de technique, alors nous pouvons les appliquer et les adapter en fonction de chaque réalité. Elle nous dit que l'objectif principal de cette agriculture syntropique, c'est la syntropie. Mais qu'est-ce que c'est que la syntropie ? Alors oui, elle dit que c'est un mot très complexe dont on ne connaît que très peu le sens, et en général, on comprend mieux son opposé qui est le mot entropie. Le mot entropie c'est un terme physique qui s'oppose à la syntropie. Et l'entropie, ça signifie qu'en fait, la planète, elle subit le processus de perte d'énergie. Elle subit des processus de mort et de destruction.
Alors, elle nous dit que ce que nous voulons faire avec notre agriculture, ça va bien au-delà de la simple durabilité. Car lorsque nous parlons et comprenons déjà le concept que nous vivons aujourd'hui dans le monde, c'est-à-dire quand on comprend ce qui se passe, quand on comprend et on voit les conséquences et les impacts négatifs qu’ont nos comportements sur la nature, on se rend compte qu'en fait, la durabilité, elle n'est plus suffisante. La durabilité, la recherche de durabilité, elle n'est plus possible. Nous sommes déjà trop endettés. Nous devons donc produire beaucoup plus d'énergie que ce que nous consommons. Parce qu'il n'y a plus d'équilibre. On ne peut plus chercher un équilibre simplement en cherchant la durabilité. On doit régénérer. On doit augmenter la quantité d'énergie. On doit donc produire beaucoup plus d'énergie que ce que nous consommons. Et c'est là qu'intervient le terme de thermo-syntropie, c'est là qu'intervient la syntropie qui signifie “accumulation de la vie”.
Comment pouvons-nous donc agir pour générer de plus en plus de vie dans toutes les directions ? C'est de ça dont il s'agit. Il s'agit d'un processus qui va du simple au complexe. Lorsqu'on observe la nature on comprend qu'elle est faite ainsi. On comprend que nous partons d'un espace où il y a quelques petites herbes, parfois des mauvaises herbes, parfois des plantes très simples, très petites. Parfois, c'est un chemin. Et puis, petit à petit, de fil en mois, de fil en année, on se rend compte que ça peut devenir un réel espace abondant, riche en biodiversité. En fait, ces petites plantes se convertissent en forêt. Ce que nous voulons, en fait, c'est recopier ce processus, c'est recopier la nature et optimiser ce processus. En fait, c'est un processus qui prendrait dans la nature entre 100 et 200, 300 ans. Et si nous, on intervient dans ce processus, on peut accélérer cette création de forêt. Une zone d'herbe qui a été brûlée, coupée, une plantation qui a été ouverte, un espace qui a été dégradé par l'impact environnemental de l'homme, pour qu'une zone comme ça devienne une forêt, il faut en moyenne 300 ans. 300 ans pour que la nature puisse reprendre ses droits. Et en fait, c'est comme une danse, une danse qui revient toujours à l'état sauvage. Ce n'est pas seulement une agriculture pour une réalité comme celle du Brésil. Qu'on soit dans une zone tropicale ou non, c'est un principe, c'est le principe qui compte. C'est une règle qui s'applique sur toute la Terre, en France, en Suisse, au Bangladesh, n'importe où. Dans le désert du Sahara, dans les zones gelées, sur les îles. Ce sont des principes et des règles que la nature transmet partout. Ce qui va changer, c'est plutôt les agents d'optimisation. Quelles sont les plantes ? Comment puis-je optimiser l'ensemble du processus ? Comment je vais agencer les plantes ? Quelle plante je vais choisir ? Il s'agit donc bien plus d'observer, d'interagir avec la nature et de coopérer en abondance que de simplement penser que je veux une plante et que je vais la récolter et que c'est comme ça que ça va être et qu'il n'y a pas d'autre option. Aujourd'hui, c'est un peu trop la mentalité et on s'adapte trop peu à l'environnement. En fait, on se focalise plutôt sur l'objectif de rendement. J'ai le sentiment que ce contexte d'agriculture syntropique qui a émergé au Brésil et bien, d'un point de vue extérieur, paraît un petit peu étrange. Parce qu'on pense que le Brésil, c'est une grande forêt amazonienne, que tout est vert, que la forêt, la forêt tropicale, elle est partout. Mais en réalité, c'est qu'on ne se rend pas compte qu'il y a des impacts environnementaux gigantesques. En même temps que nous avons une grande forêt, cette grande forêt, elle est menacée, elle est trop menacée. C'est donc une réalité très dure que nous devons affronter au quotidien, nous, les Brésiliens.
En tant que Brésilienne, j'estime qu'il est de ma responsabilité est d'apporter une solution à tout cela. En réalité, tout autour de nous, nous rencontrons tout le temps des déserts. Des déserts verts, des déserts de pâturage vert, qui sont en réalité des déserts parce qu'il n'y a plus de vie. Il n'y a pas de biodiversité. De fait, pour introduire l'agriculture syntropique dans un pays qui est vraiment en train de s'effondrer sur le plan environnemental, parce que tout le monde veut prendre et prendre et prendre, parce que tout le monde pense que la nature est une ressource illimitée, qu'il n'y a pas de ressources limitées dans le monde, en fait, c'est une agriculture qui peut être une réponse à cet assèchement des terres qui s'opère. Nous vivons sur une planète circulaire et fermée. Et en fait, ce que nous consommons, peu à peu, disparaît. J'ai donc l'impression que nous faisons déjà ce travail au Brésil parce que nous avons face à nous un problème avec la forêt. Nous avons déjà beaucoup de fermes qui ont des résultats très positifs. La ferme d'Ernest par exemple, mais aussi beaucoup d'autres qui émergent depuis longtemps dans différents endroits à l'intérieur du pays. Je pense donc que le moment est venu pour l'agriculture syntropique de se renforcer et de quitter son foyer, de quitter le Brésil comme si elle était plus ancienne et que du coup elle était mature pour se propager, et qu'elle était mature pour commencer à faire comprendre à d'autres espaces qu'il est également possible d'utiliser des techniques de la culture régénérative.
Camille Pelloux
Je crois que tu as répondu à ma question. Mais, souvent, on voit que beaucoup de gens qui viennent du Brésil rapportent cette philosophie de l'agriculture. Et donc, ma question est pourquoi tu penses que ça vient du Brésil ? Pourquoi tu penses que cette philosophie est née au Brésil ? Oui,
Nat Muguet
Alors, comme réponse à ma question, Nat, elle nous dit qu'elle a le sentiment qu'au Brésil, ils comprennent encore viscéralement ce qu'est une forêt. Elle nous dit, « vous savez, dans la culture brésilienne, nous savons que nous avons encore un contact avec la forêt. Même si elle disparaît à une intensité et à une vitesse impressionnante, nous avons encore un lien avec elle. » En Afrique, par exemple, là où elle travaille souvent, notamment au Mozambique, ils n'ont aucune idée de ce qu'est une forêt. Et lorsqu'elle en parle, elle peut montrer une image, elle peut faire une discussion. Mais elle sent qu'il n'y a pas ce lien, parce que la forêt, elle a déjà disparu, et ce depuis de nombreuses générations. Nous sommes donc en train de modifier le paysage de la planète Terre, comme tout ce qui est destiné à notre consommation provient d'elle. Nous détruisons la terre, la peau de notre mer, qui est la surface végétale qui passe par notre bouche. Nous sommes sans cesse en train de polluer, de détruire, et nous consommons. Et nous, nous polluons en mangeant. Je pense qu'au Brésil, c'est une terre fertile pour repenser nos manières de faire parce qu'ils comprennent la forêt. Ils comprennent d'une manière plus dynamique que d'autres personnes. Et aussi parce qu'il y a une forte pression agricole, une très forte pression environnementale, internationale au Brésil et que du coup, il faut trouver des solutions. Alors, elle nous dit qu'elle a l'impression qu'ils sont un peu obligés, eux, les Brésiliens, de prendre des mesures rapides, efficaces. Et d'ailleurs, ils ont obtenu des résultats très rapides grâce à la culture syntropique et régénérative. Elle dit qu'ils ont réussi à optimiser des zones dégradées qui auraient pris des années. Et elle dit qu'ils ont observé que la quantité, la fertilité des sols et que les animaux commençait à revenir. Elle a observé une amélioration dans la circulation de l'eau. Elle a observé et ils ont observé un changement dans les températures. Ils se sont aperçus qu'il y avait une meilleure séquestration de carbone / captation de carbone et que, en fait, tous les impacts positifs sont très visibles. Ce n'est pas qu'une théorie, ce n'est pas qu'un discours, c'est vraiment une base pratique. Et ce qu'elle dit c'est que au Brésil c'est un champ très fertile et qu'il est maintenant nécessaire de semer ses graines ailleurs.
Camille Pelloux
C'est très clair. Donc maintenant, j'aimerais bien que tu passes au thème des plantes médicinales, parce que c'est ta spécialité, et l'adaptation justement de l’agriculture régénérative et syntropique aux plantes médicinales. Et pour ça, j'aimerais que déjà tu nous parles des plantes médicinales et pourquoi elles ont leur place dans nos cultures. Parce qu'on sait que les compétences médicinales ont une action sur le corps humain (sur le corps physique, émotionnel, mental, spirituel) mais aussi elles ont une action médicinale sur la terre, donc j'aimerais qu'on parle de ça.
Nat Muguet
Alors, elle me dit merci pour cette belle question. Et elle nous partage qu'elle a le sentiment que pour que notre esprit humain comprenne la complexité de la nature, il a comme besoin de la diviser en cases. Or, la nature, en fait, elle ne fonctionne pas comme ça. Nous essayons donc de mettre dans des boîtes les plantes fruitières, les plantes à bois, les plantes médicinales, pour comprendre la grande botanique de la vie. Et quand nous comprenons en fait que tout est médicament, on change de perspective. C'est vrai qu'il y a des plantes qui ont leur signature, leurs caractéristiques de guérison. Les plantes, elles sont toutes très importantes. Et j'ai le sentiment que nous nous plaçons toujours, nous les êtres humains, comme au centre de la diversification de la vie. Lorsque nous comprenons que nous mettons la nature dans une boîte, nous nous déconnectons de tout cela. Et la vérité est que la plante médicinale, en fait, elle n'est pas médicinale pour nous. C'est une croyance, en réalité, très stupide, pourrait-on dire, que nous avons. C'est comme si les plantes, en fait, c'était nos esclaves. C'était des esclaves pour notre santé. Et que nous devons les avoir en pot. Vous savez, comme si elles étaient toujours étranglées dans un espace. En réalité, la plante médicinale, elle a une fonction. Elle a une mission. Et cette plante médicinale a une fonction aussi pour la Terre. En réalité, tous les êtres vivants ont une mission et une fonction à remplir. Et lorsque nous remplissons très bien cette fonction, lorsque nous honorons notre mission, nous nous aidons non seulement nous-mêmes, mais aussi notre famille, notre société, notre communauté, mais aussi... la communauté de la planète Terre. Ainsi, lorsque chacun et chacune de nous comprend et assume sa fonction, lorsque nous découvrons de la même manière la fonction de chacune des plantes, là où elles sont nécessaires aussi dans le système, là où elles sont nécessaires quand il y a un déséquilibre, à la fois à l'intérieur de nous, ce déséquilibre qui va se manifester sous forme de maladie, mais aussi de déséquilibre à l'intérieur du système, par exemple de notre potager ou de notre culture. Parce qu'en fait, les plantes médicinales, elles ont d'abord une fonction médicinale pour la terre. Et ensuite, on comprend que la terre, c'est une extension de notre corps. Et donc du coup, quand on observe la terre, on peut comprendre notre corps. Et donc c'est intéressant parce qu'on comprend que la plante médicinale, ce n'est pas seulement une plante médicinale pour nous, l'être humain. C'est une plante médicinale aussi pour la Terre, et que du coup, chaque plante médicinale a une fonction au sein de la forêt. Et donc, les plantes médicinales, elles sont avant tout là pour apporter un équilibre dynamique de la vie à l'intérieur du système. Et malheureusement, souvent, on les renferme dans un rôle qui est trop restreint.
Ces plantes, c'est vrai, elles sont aussi souvent utiles, par exemple, pour refermer une plaie sur un corps, mais aussi une plaie sur une terre qui est ouverte, qui est asséchée, qui est comme dévastée. La plante, elle est là pour apporter une information curative, parce qu'il y a un déséquilibre. Tout cela est très intéressant pour réfléchir aux schémas que la syntropie apporte, parce que les schémas sont les mêmes, à la fois au niveau micro, mais aussi au niveau macro. Si par exemple, la plante a une capacité d'abaisser la température thermique du sol grâce à ses feuilles et à son eau, elle aura la même fonction sur nous. Il est donc idéal, en réalité, de comprendre que les plantes médicinales sont nécessaires à l'intérieur de notre système pour équilibrer notre terre, pour qu'il n'y ait pas de maladies qui se manifestent sur cette terre. Et il est intéressant aussi de considérer que notre corps, c'est l'extension la plus grande de cette terre. Donc, travailler avec les plantes médicinales c'est aussi travailler main dans la main avec la médecine préventive. Si on travaille avec les plantes médicinales, c'est travailler main dans la main avec un système qui va créer des forêts. L'accumulation de la vie, la syntropie, elle est améliorée par la culture de plantes médicinales. Et bien parfois, ces mêmes plantes, je ne vais pas les récolter pour mon bon plaisir, je vais les laisser parce qu'elles ont une fonction sur cette terre. Alors, c'est vrai que parfois, on met des antibiotiques, toujours des “anti”, le mot anti, ça veut dire qu'on est contre la vie. Contre le processus naturel de la vie, nous utilisons toujours des terminologies de guerre et nous essayons de créer une agriculture de guerre, une agriculture de combat. Or, chaque plante a sa fonction. Ainsi, si nous utilisons des plantes médicinales ayant une fonction de guérison, et bien on va pouvoir équilibrer.
Alors, si la plante, elle est à son maximum, si l'aliment, il est à son maximum de puissance, et bien le sol, ça veut dire qu'il est à son maximum. Ça veut dire que la plante qui va pousser sur ce sol va être à son maximum et que l'aliment qui va pousser sur ce sol va être à son maximum. Et donc, la santé, notre santé, elle est liée à la nature du sol. Et parfois, on oublie ce cycle. Et il y a un célèbre dicton qui dit que “nous sommes ce que nous mangeons”. Mais la réalité, c'est que nous sommes ce que notre nourriture mange. Vous savez, c'est une compréhension un peu plus complexe. C'est comme remonter le cycle de la vie un peu plus loin. Ce qui nourrit la terre, ce qu'est la terre, c'est ce qui va me nourrir moi.
Camille Pelloux
Ça me rappelle une anecdote, un exemple d'un moment qu'on avait passé ensemble lors d'un stage d'agriculture syntropique à Tierra del Sol en octobre 2023 : Natalia nous avait proposé de mettre de l’aloe vera sur la terre autour des plantes, pour apporter de l'hydratation. Parce qu'en fait, Tierra del Sol, là où on a fait le stage, c'est un lieu qui est extrêmement sec. Et c'est comme si la santé, l'intelligence, l'appel et le besoin de la terre va être hydraté par l'aloe vera. Il y avait beaucoup d'aloe vera en abondance et donc du coup elle a proposé d'introduire l'aloe vera, de couper en petits morceaux l'aloe vera et de l'introduire dans le système comme un pansement pour la terre, comme une hydratation pour les plantes qu'on venait de planter.
Nat Muguet
Nathalie, Nath, à ce rebond, elle nous dit que c'est intéressant parce qu'en réalité, si ces plantes médicinales sont bonnes pour nous, si elles sont bonnes pour notre peau, par exemple, l’aloe vera, elle va hydrater, elle va régénérer la peau, eh bien, elle va apporter la même chose à Pachamama, elle va apporter la même chose à la Terre. En fait, on fait partie d'une grande intelligence. On fait partie d'un organisme intelligent et nous, nous pensons comme êtres humains que nous sommes des êtres intelligents et nous oublions qu'on fait partie peut-être d'une intelligence encore plus grande et plus cohérente. Lorsqu'on comprend que l'aloe vera a une fonction de mucilage, qu'elle permet l'hydratation, lorsque nous comprenons que l'aloe vera a une fonction pour les sols déshydratés, pour les sols qui manquent de nutriments, eh bien, on peut l'introduire dans le système. Pour moi, ce n'est pas possible de parler de santé sans parler de santé de la Terre. Pour moi, syntropie, c'est vraiment un mot incroyable parce qu'on parle du simple vers le complexe. Alors, parfois, on va comprendre des éléments très, très complexes. On plonge dans le fonctionnement des neurones, dans le fonctionnement de l'ADN. Mais en fait, on ne sait même pas comment planter une plante. On ne sait même pas comment toute cette vie, elle a commencé. On ne sait pas comment nos médicaments commercialisés aujourd'hui ont commencé. En réalité, on ne sait pas que c'est grâce à l'interaction. C'est grâce à l'interaction profonde entre la nature et l'observation. Auparavant, nos anciens, ils avaient en fait cette connexion. Ils avaient l'impression profonde de faire partie de la nature. Aujourd'hui, nous avons peur d'être la nature. C'est complètement fou comme nous nous extrayons de cette réalité. Nous sommes des observateurs de la nature, mais nous ne nous intégrons pas. Nous savons classifier, nous savons regarder comme du haut de la chaîne, vous savez, mais on oublie de s'intégrer à l'intérieur de cette grande intelligence qu'elle vit. Donc nous sommes toujours soit à l'extérieur, soit les meilleurs, et nous oublions notre fonction ici bas. C'est une question fondamentale que nous posons : Quelle est ma fonction ? Pourquoi est-ce que je suis ici ? Ce n'est pas seulement pour consommer. J'ai aussi une fonction biologique parce qu'en fait, je suis un animal. Je suis la nature et nous ne comprenons pas notre fonction. En fait, nous en sommes là aujourd'hui parce que nous ne comprenons pas notre fonction. Nous nous compliquons un peu la vie. Nous sommes le résultat d'un processus évolutif de millions d'années de personnes qui ont planté, planté.
Et donc, nous devons trouver des solutions pour changer. Parce que sinon, notre planète, elle va juste continuer à s'enflammer.
Nous on pense qu’on veut sauver la nature, qu’on veut sauver le monde…
Camille Pelloux
Oui mais en fait, c’est nous qu’on cherche à sauver, parce que la terre elle va aller bien, enfin, elle va pas bien, mais en réalité c’est juste notre écosystème à nous qui va être détruit, mais la terre elle va s’en remettre.
On va juste tuer notre maison. L'endroit où nous vivons va être détruit et la Terre va se reconstituer parce qu'elle va trouver un équilibre. Elle va éliminer, elle va détruire, elle va faire en sorte de revenir vers l'équilibre, même si ça prend du temps, c'est ce qui va se passer.
Nat Muguet
Oui, c'est ça, comment pouvons-nous revenir à être des êtres aimants ? Comment pouvons-nous nous réintégrer au système ? Pour moi... la seule solution que je vois, c'est l'ensemencement. En fait, en tant qu'être humain, c'est notre fonction. Notre fonction, c'est de semer. Nous sommes tellement déconnectés de cette fonction que ça nous paraît comme basique. Mais il me paraît possible de redémarrer. Parce que c'est une mémoire qui est présente en nous. On a évolué. grâce à cet acte-là. Même si on oublie, parce qu'on vit en ville, c'est un appel qui est en nous. Nous savons que pour survivre, nous devons sauver la technologie ancestrale qui consiste à planter des forêts. Penser et nous réintégrer dans le système, ça apporte de l'espoir. Dès que vous voyez des graines, il y a de l'espoir dans la nature. Nous sommes des graines d'idées, des graines d'action. Combien de potentiel de vie n'avons-nous pas ? Le simple fait de mettre une graine dans un sol, c'est important.
Camille Pelloux
Alors je demandais à Nat si elle pouvait nous donner son avis aussi sur la surexploitation des plantes médicinales aujourd'hui pour faire des compléments alimentaires, pour en faire des super-aliments, pour en faire des huiles essentielles. Et pourquoi et en quoi l'agriculture syntropique et en quoi le fait de parler de régénération, le fait de parler de planter des graines, c'est si important dans ce contexte d'appauvrissement des terres, de dégradation des terres à cause de ce trop grand usage surproductif des plantes médicinales.
Nat Muguet
Alors Nat, elle partage que selon elle, nous arrivons à un point de déconnexion tel que nous croyons en réalité que nous sommes des êtres destructeurs. Et en fait, on se crée des illusions dans notre esprit en nous mentant à nous-mêmes parce que nous ne voulons pas faire face à la réalité. Parce que c'est difficile, c'est difficile de faire face à la réalité. Et elle dit qu'elle a l'impression qu'en fait, beaucoup d'entre nous ne voulons pas faire face à la réalité. Nous essayons de vivre parfois d'une manière plus durable, et nous commençons souvent pour ce faire par des mots : on se demande qu'est-ce que c'est que la durabilité, qu'est-ce que c'est que la régénération. Mais en fin de compte, ça, ça apporte. et ça permet d'avoir des principes, ça permet d'avoir des valeurs et du coup d'explorer les thématiques d'éthique. Et donc, peu à peu, on apprend à savoir ce qui est bon et ce qui ne l'est pas. Notre société, elle cherche souvent et la plupart du temps à exploiter, à obtenir le maximum avec le minimum. Elle veut le maximum sans avoir à faire de cadeaux. Elle veut prendre sans donner. Il s'agit toujours d'être le meilleur dans notre société.
Et on voit la même chose avec les plantes médicinales. Nous achetons un flacon d'huile essentielle en pensant que ça va nous guérir de nos grandes maladies. Et en fait, encore une fois, on ne sait pas d'où vient notre médicament vert. En réalité, on oublie que ça vient d'une plante. Et on se demande même pas dans quelles conditions a été cultivée cette plante, comment a été produite, quel est son état émotionnel. Et donc en fait, on reste dans la même logique. La même logique de consommation et la même logique de production. Qu'il s'agisse du soja, du maïs, du blé, c'est la même chose que pour une plante qui va créer une huile essentielle. C'est la logique de monoculture. La culture d'une plante, c'est le contraire de la biodiversité si cette culture se fait en monoculture.
Donc, par exemple, on veut de la lavande. On veut créer des huiles essentielles de lavande. Eh bien, qu'est-ce qu'on va faire ? Eh bien, on va maximiser notre culture de lavande : on va utiliser la plus petite surface possible pour mettre en culture notre lavande, et je vais planter que de la lavande. Mais quand je regarde la forêt, quand je regarde mon enseignant la forêt, eh bien, je vois bien qu'il n'y a pas qu'une seule plante. Une forêt est constituée d'une grande biodiversité. Et les plantes, eh bien, elles s'entretiennent, elles s'aident entre elles. Mais une monoculture de lavande, eh bien, c'est différent. En fait, en réalité, une ville, c'est presque comme une monoculture de personnes. C'est le maximum de personnes dans le minimum d'espace. Est-ce qu'il y a un vrai équilibre ? Eh bien, c'est la même chose. Et donc, est-ce qu'on pense vraiment que nos médicaments, ils doivent et peuvent provenir d'un état de déséquilibre ? En réalité, nos plantes médicinales, pour être optimum, elles devraient venir d'un état, d'une culture qui... permet la biodiversité et la coopération. Si nous voulons extraire une huile essentielle, eh bien, il est bien plus intéressant de le faire dans un contexte de biodiversité et de coopération. Parce que ces monocultures de lavande par exemple, eh bien, elles vont faire intervenir le stress. Elles vont faire en sorte de stresser au maximum la plante pour que l'huile essentielle, qui est une forme de communication de la plante et une forme de défense de la plante, se démultiplie. Et donc, on va intervenir parfois d'une manière assez violente sur les plantes pour les stresser, pour qu'elles génèrent plus d'huiles essentielles. Et donc, on cultive des hectares et des hectares de lavande et on procède à du stress, à du stress hydrique et à du stress mécanique.
Donc si nous avons l'opportunité d'avoir une culture de lavande chez nous, et d'en faire un thé, une infusion, une tisane, eh bien il y aura certainement beaucoup plus de propriétés médicinales qu'une plante en huile essentielle issue de la monoculture. Cette plante médicinale qu'on va cultiver à la maison et qu'on va mettre dans notre tisane, elle va peut-être avoir un meilleur effet au niveau émotionnel, physique, spirituel ; plutôt que la lavande que je n'ai jamais vue, qui est plantée en monoculture, qui a été stressée et qui me donne une goutte d'huile essentielle. Donc bien souvent, ces plantes qui sont cultivées en monoculture dans des endroits qui ne sont pas leur écosystème de prédilection, eh bien, on doit leur apporter des éléments en plus. Donc bien souvent, il y a des engrais par exemple. Mais si je fais pousser cette plante chez moi, que je lui donne de l'amour, que je lui apporte l'eau qui est nécessaire, que je la mélange peut-être avec d'autres espèces, eh bien, je vais créer une relation symbiotique, une relation avec la plante, et cela, ça va se ressentir dans le remède. La plante, elle a une capacité de dialogue. Elle traduit ses émotions qu'elle vit tous les jours à travers des substances. Une plante médicinale, c'est un acte de révolution pour notre santé, pour notre autonomie. Et ça me paraît intéressant et beaucoup plus intéressant de cultiver nos plantes médicinales, créer une relation avec elles pour reprendre notre pouvoir et pour comprendre que nous sommes acteurs de notre santé et que nous ne devons pas laisser les autres décider pour nous.
Cette plante a une capacité de dialogue, de traduction de ses émotions, parce qu'elle vit avec toi tous les jours. Donc, semer une petite plante médicinale, c'est un grand acte de révolution de la santé et de l'autonomie. Parce qu'elle te reconnaît dans beaucoup de sphères et d'endroits. Je sens que nous sommes en train de changer, une sensation, et je sens aussi que c'est un empêchement de comprendre ce que nous avons besoin pour notre santé, et ne pas mettre pour que d'autres personnes prennent notre décision. Ah, juste parce qu'il y a une bouteille d'huile essentielle verte, ah c'est bon, je peux faire tout, je peux manger, je peux, tu sais, tout.
Camille Pelloux
Oui, je pense aussi que justement il faut sortir de ce système de consommation et d’achat. C'est aussi sortir de ce mode de penser qu'en achetant, en consommant, c'est ça qui va nous sauver. C'est reprendre le pouvoir et peut-être même que justement tout ce que ça va nous demander de cultiver la plante, c'est justement ce qu'il faut plus que le produit en tant que tel.
Nat Muguet
Alors, Nath, elle nous dit que nous commençons toutes et tous à faire des collections d'huiles essentielles au prix d'une dégradation de l'environnement. Parce que pour obtenir une certaine quantité d'huile essentielle, il faut beaucoup, beaucoup, beaucoup de matière. Beaucoup de feuilles pour atteindre une consommation finale très faible. Au Brésil, nous vivons dans un processus de dégradation de l'environnement, d'abattage de forêts pour planter des médicaments, pour planter des plantes médicinales. Ce n'est pas seulement le cas au Brésil, c'est une réalité mondiale. Si nous ne changeons pas cette mentalité de consommation, nous allons simplement continuer à avancer dans le déséquilibre.
Camille Pelloux
J'ai vu un chiffre qui dit que entre 60 et 85% des plantes qui sont utilisées pour la médicinale dans le monde, elles viennent des cultures sauvages. Parce que c'est vrai qu'il y a certaines plantes qui sont difficiles à cultiver et qui ont plus de pouvoir quand elles sont dans leur milieu naturel. Et puis c'est aussi des cultures productives qui ont moins de coût de ne pas devoir produire de justes céréales en nature. Et on est face à un problème qui n'est pas seulement un problème de la production de monoculture mais aussi d'épuiser les réserves parce qu'on va toucher dans le sol. C’est aussi un réalité non ?
Nat Muguet
Oui, la super exploitation de ces plantes.
Camille Pelloux
Oui, qui sont sauvages et qui sont en extension. En France, on a l'exemple de l'arnica, dans la montagne, de la gentiane, des plantes qui sont super médicinales, qui sont médicinales parce qu’elles se développent en hauteur, dans des endroits très hostiles. Elles ont beaucoup de molécules puissantes, parce qu'elles ont eu besoin de développer beaucoup de molécules pour survivre. Donc, nous allons, nous prenons et nous en prenons, et au final, il n'y en a plus.
Nat Muguet
Oui, de cette manière, nous nous retrouvons dans une situation mondiale où nous avons de moins en moins de plantes médicinales. Et c'est le cas partout dans le monde. Parce que nous croyons que les plantes médicinales sont semées par Dieu qui nous les donne. C'est ainsi que les choses se passent de manière très traditionnelle. Nous perdons donc la banque pharmaceutique. Et il y a de moins en moins de plantes et de plus en plus de maladies et des maladies de plus en plus graves. Si nous n'avons pas la mentalité de faire croître nos médicaments, de faire pousser nos médicaments, de faire pousser nos plantes médicinales, il arrivera un moment où nous n'en aurons plus. Parce que notre population augmente de façon folle et qu'il y a de plus en plus de malades. Et nous ne faisons pas le même travail de régénération des plantes que nous faisons pour le développement humain. Donc, il est nécessaire d'apprendre à planter parce que sinon, on va juste épuiser les réserves.
Camille Pelloux
Peux-tu nous dire pourquoi justement la culture syntropique, la culture générative, le fait de planter des graines, c'est si important dans ce contexte et pourquoi ça peut être une solution justement à tout ce qui est problématique dans le monde.
Nat Muguet
Nat elle nous dit : Oui, semer, planter. Elle nous dit qu'elle pense que c'est la seule chose que nous pouvons encore faire pour continuer à avoir de l'espoir. Parce que quand on a l'occasion de mettre une graine dans le sol, de planter une graine dans la terre, on peut s'apercevoir de la magie qui s'opère. Une toute petite chose concentrée, pleine d'énergie, qui se transforme en un arbre gigantesque. C'est de la magie. Et en plus de cet arbre, sortiront, seront semés des milliers de graines, des millions de graines. Pour elle, c'est la classification la plus abondante. Pour elle, l'expression. exemplaire de l'abondance, l'exemple le plus clair de l'abondance qui existe, c'est le règne végétal. Et le règne végétal, il a quand même un niveau de perfection assez impressionnant. C'est incroyable ! Mais malheureusement, bien souvent, ces graines, elles restent cloisonnées dans des petits espaces parce qu'elles abondent. En fait, les graines, elles ont besoin de vent, elles ont besoin d'eau, elles ont besoin de nos yeux. Elles ont besoin d'un transport. Nous, on n'a pas de racines. On a des jambes, on a la possibilité de marcher. Et du coup, si nous, on peut marcher, eh bien, on peut se mettre au service des graines. Nous sommes des agents potentialisateurs de vie, d’abondance de vie.
Camille Pelloux
Du coup concrètement est-ce que quand tu vas dans des endroits, tu prends des graines avec toi et tu les déposes ? Parce que, on va dire ancestralement, naturellement, normalement, on est censé semer les graines grâce à notre système de défection et notre système digestif, mais aujourd’hui c’est plus trop ce qui se passe. Donc, est-ce que c'est une solution de prendre avec soi des graines et de les parsemer dans les endroits où on va ?
Nat Muguet
Oui, et nos ancêtres fonctionnaient ainsi. Aujourd'hui, on partage des idées, mais on doit apprendre à partager des graines. Et peu importe quelles graines. Si j'ai sous la main une graine de papaye ou la graine de pomme que je viens de manger, ces graines sont des potentiels de vie. Une graine est un potentiel de vie tellement puissant et on ne s'en rend même pas compte. Et du coup, on met la graine à la poubelle. Et en fait, on met les graines en puissance à la poubelle. Donc on met la vie, la vie, une accumulation de vie à la poubelle. Mais on a la possibilité de regarder les choses depuis un autre angle. Tu sais, on peut regarder les choses depuis un autre angle. Si on regarde les choses depuis l'angle, de la régénération et bien, qu'est-ce que je vais faire de cette graine ? Est-ce que je vais vraiment la mettre à la poubelle ? Est-ce que je ne peux pas plutôt mettre cette graine à l'intérieur de la terre ? Comment est-ce que je vais nourrir cette graine, cette idée ? Comment est-ce que je vais prendre soin de cette graine pour pouvoir ensuite la cultiver, la récolter, la partager ?
Donc, en fait, Nat, elle dit qu'elle a l'impression que la graine, regarder la graine, c'est déjà changer nos perspectives. Que pour elle, regarder une graine, c'est le meilleur exemple et la plus grande source de syntropie de la vie. La graine, c'est de la condensation. C'est une intelligence incroyable, c'est une stratégie de vie incroyable et les histoires qui tournent autour des graines nous racontent d'où elles viennent et où elles vont. Quand on pénètre dans l'espace et dans l'univers des graines, on rentre tout simplement dans un monde qui est rempli d'espérance. L'espérance pour la vie et avec la vie.
Camille Pelloux
Que bonito. Merci, je suis d'accord avec toi? Et est-ce que du coup tu penses que, parce qu'il y a beaucoup cette idée aujourd'hui du local, de faire attention aux plantes endémiques, est-ce que du coup tu penses que ce parsemage de graines il va au-delà des frontières et que c'est pas grave de cultiver dans son jardin des plantes qui ne sont pas originaire de chez nous mais qui viennent d'ailleurs. Ma question est quel est ton point de vue en relation avec le fait qu'il y a une interconnexion entre les endroits et les territoires. Est-ce que tu crois que c'est très important de réserver le territoire et seulement semer dans le territoire des semis endémiques, ou tu crois que c'est juste de distribuer ses graines dans plus de territoire, c'est-à-dire quelle est ta position en ce qui concerne ce thème de cultiver des plantes exotiques par exemple ?
Nat Muguet
Alors, Nat nous dit que c'est une thématique qui est complexe, très complexe, controversée, et qu'il y a des courants de pensée qui disent une chose et d'autres qui disent d'autres choses et que quand elle a des doutes, elle essaye de regarder la nature parce que pour elle, c'est la nature, sa grande enseignante. Elle regarde la forêt et elle sent qu’il y a un équilibre dynamique. Il y a un équilibre dynamique qui existe quand il y a une chose qui est très importante qui s'appelle la biodiversité. Et donc si on observe et si on comprend la... planète Terre comme un organisme vivant, unique, qui est natif, et que tout ce qui sort de cette planète Terre est natif de la Terre, et bien, ça nous permet de voir la chose autrement. Elle nous dit aussi qu'il y a des personnes qui ont la capacité adaptative de vivre dans des zones qui sont plus froides que d'autres ou plus chaudes que d'autres. Par exemple, elle qui vient d'un endroit qui est humide et chaud, si c'est nécessaire et qu'elle va vivre dans une zone froide, elle va s'adapter. Alors elle dit que ce sont des processus d'adaptation et que comme nous sommes dans un processus de destruction qui est tellement fort, qui a tellement d'extraction / d'extractivisme, de surexploitation on s'aperçoit qu'il y a des plantes qui sont en train de disparaître et d'autres qui sont déjà atteintes et donc c'est très intéressant parce que si ces plantes qui avaient une fonction très importantes et essentielles dans le système disparaissent, peut-être qu'il y a d'autres plants qui viennent d'ailleurs qui peuvent permettre de contrebalancer cette musique. Et donc, s'il y a une plante qui a disparu d'une zone, mais qui a, dans un autre endroit, une plante qui a la même fonction, pourquoi ne pas l'introduire ? Et donc, si on introduit cette plante dans cet espace, eh bien, on a un système qui fonctionne à nouveau, un système qui retrouve l'équilibre, un engrenage qui commence à nouveau à se mouvoir. Il y a des plantes qui sont extrêmement performantes, efficaces et qui font très bien leur travail, mais nous, les êtres humains, on est addicts, on est collés, on est comme restreints dans notre esprit. Et c'est vrai qu'il y a des plantes qui exercent très très bien leurs fonctions. Et comme nous autres êtres humains, on est complètement addicts aux choses bien faites, et bien parfois, on veut seulement cette plante-là et on veut la plante championne et pour cette raison, on va planter cette plante en grande quantité, en monoculture, parce qu'on veut vraiment cette plante qui est super géniale. Donc on va faire des monocultures d'eucalyptus parce que c'est une plante incroyable qui grandit rapidement. On va faire peu des monocultures de maïs parce que c'est très nutritif et que ça grandit rapidement. Mais c'est pas possible de faire une équipe avec seulement des champions. Donc, quand on met une plante étrangère à l'intérieur d'un système, il y a quelque chose d'essentiel à comprendre, c'est que nous devons exercer notre responsabilité. Parce que c'est une grande responsabilité d'introduire une plante qui n'est pas endémique dans un système. Donc quand on travaille dans un système syntropique, toutes les plantes sont bien unies. On n'a pas de xénophobie. On n'a pas de xénophobie pour une plante. Toutes les plantes sont bien nées. Si ces plantes font bien leur travail, si elles exercent leurs fonctions, alors il n'y a pas de raison pour laquelle on va les exclure. Mais c'est vraiment très important de comprendre qu'il y a une grande différence entre planter, semer une plante qui n'est pas endémique dans un système d’agriculture syntropique que de planter une plante une plante en monoculture. Comme dans le système d'agriculture syntropique, nous, comme êtres humains, on a une fonction à l'intérieur du système, on est partie vivante du système. Nous sommes des acteurs du système. Nous devons donc, à l'intérieur du système, prendre notre responsabilité. Et si on apporte une plante étrangère, une plante exotique, une plante qui n'est pas native, eh bien, je dois vraiment me responsabiliser et je dois vraiment, on va dire, entourer, me porter garante des conséquences que peut avoir cette introduction. Et donc, je vais faire en sorte de maintenir l'équilibre de cette plante pour ne pas qu'il y ait des faits négatifs. Parce que si le fait d'introduire cette plante dans mon système va vraiment aider le processus de vie, si cette plante que je vais introduire, elle va aider même les processus de vie des plantes natives, alors elle m'intéresse. Parce qu'elle va servir peut-être de compost, elle va améliorer la qualité de la terre, elle va apporter une meilleure biodiversité aussi en termes de micro-organismes, elle va permettre de couvrir la terre. Mais, il ne faut pas oublier que j'ai une responsabilité : je ne vais pas laisser les graines se disperser de partout, sortir de ma ferme… Donc, oui, c'est possible, mais je pense que c'est important de comprendre qu'il y a une responsabilité derrière. C'est pour ça aussi que je parle souvent de philosophie de vie. Je dis aussi que la culture syntropique, ce n'est pas seulement une technique. Si je suis, en tant qu'être humain inséré à l'intérieur du système de plantation, s'il y a des plantes qui font bien leur travail dans le système, elles sont bienvenues. Et chacun fait bien son travail. Et notamment, ce qui s'appelle le travail en agriculture syntropique “de l'humain”, c'est d'intervenir sur le système en taillant, en coupant, en agissant.
En conclusion, oui, c'est ok de travailler avec des plantes qui ne viennent pas de chez nous, ou de leur lieu d'origine, parce que c'est la dynamique de la vie, mais par contre se responsabiliser et se rappeler que nous on les a introduites donc on a une fonction de maintenir l’équilibre.
Camille Pelloux
Est-ce que tu aimerais partager une dernière idée, donner un dernier conseil, partager quelque chose qui te tient à coeur qui peut nous être utile à tous et à toutes ?
Nat Muguet
Oui : en réalité, il est toujours possible de regarder la nature comme une extension de notre corps, de notre maison et qu'on peut toujours s'inspirer d'elle, on peut toujours s'inspirer du règne végétal de notre grand, grand, grand, grand maître et enseignant, de nos miroirs. Et c'est intéressant d'observer cette nature pour nous rappeler de notre capacité de coopération, d'abondance. Et quand on s'intègre dans la nature, quand on prend la nature comme grande enseignante, on se rappelle aussi de qui nous sommes, d'où nous venons et où nous voulons aller.
Merci, merci, merci beaucoup.
Camille Pelloux
Merci. Merci. Merci.
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